Assassinat de Kevin: un duo machiavélique?
Le site américain BuzzFeed prévoit de fermer sa version française, après quatre ans consacrés aux contenus viraux et à la publication d’enquêtes exclusives et par conséquent de licencier les salariés de BuzzFeed France, ont précisé deux employés du site. C’est Scott Lamb, le responsable du développement international de BuzzFeed, qui a annoncé ce jeudi la nouvelle en personne à l’équipe française, selon une de ces sources. Une porte-parole de BuzzFeed aux Etats-Unis n’a pas souhaité confirmer cette fermeture. Mais elle a indiqué que la direction américaine avait « lancé un processus de consultation avec BuzzFeed France », et qu’elle « prend des mesures pour revoir son activité en France, au vu de perspectives de croissance incertaines sur le marché français ». Créé en , BuzzFeed est devenu un acteur important parmi les médias en ligne grâce à des contenus viraux (quiz, recettes, listes) ainsi qu’à sa capacité à générer du trafic via les réseaux sociaux. Ses autres bureaux européens, en Espagne et en Allemagne, ne seraient pas menacés, selon un responsable de l’entreprise. Lancé en novembre , « le trafic (internet) était en hausse, le site a sorti ses plus gros scoops en », notamment une affaire de discrimination dans un restaurant parisien huppé, des documents sur la campagne présidentielle de Marine Le Pen ou une affaire de harcèlement sexuel sur une chaîne de la TNT a déclaré un salarié.
Tout était faux » : quatre jours après la mort de Kevin, 17 ans, poignardé à mort dans un parc à Mourmelon-le-Grand (Marne), l’enquête a débouché mercredi sur la mise en examen pour assassinat de deux mineurs, soupçonnés d’avoir fomenté un plan « machiavélique » aux mobiles encore flous. «Je ne peux que m’interroger pour savoir si j’ai “de nouveaux amants diaboliques” ou si j’ai une logique de bras armé avec une tête criminelle », a déclaré Matthieu Bourrette, procureur de Reims, lors d’une conférence de presse. Les raisons qui ont conduit au meurtre de Kevin, élève de Terminale, demeuraient nébuleuses ce mercredi à l’issue des gardes à vue de deux mineurs, puis mis en examen pour « assassinat » et placés en détention provisoire. «Si la participation du jeune garçon semble relativement cernée, celle de la jeune fille et son rôle méritent d’être encore largement précisés », a ajouté le procureur, soulignant que l’instruction devrait affiner leur rôle et profil psychologique. La jeune fille, O., élève en 1re littéraire, est passée du statut de seul témoin direct de Le jeune Kevin a été tué dans un parc à Mourmelonle-Grand dans la Marne. (Photo AFP)
l’homicide à celui de mise en cause, fragilisée par ses propos contradictoires : aux enquêteurs, elle avait relaté qu’elle se trouvait dans le parc de cette commune située entre Reims et Châlons-en-Champagne accompagné de Kevin, son « presque petit ami », selon ses propos.
Une vingtaine de coups de couteau
Vers 15 heures, une altercation avait éclaté entre le jeune homme et un agresseur qu’elle disait «ne pas connaître » et qui avait donné à la victime «une vingtaine de coups de couteau dont deux coups mortels aux poumons avec une lame de 18 cm », a retracé le
procureur. A partir de ses indications, un appel à témoin doublé d’un portrait-robot avait été diffusé dès le lendemain pour retrouver la trace « d’un homme de couleur de peau “type” basanée » .Ce descriptif avait déclenché un torrent de commentaires racistes sur internet. Le portrait-robot imaginé à l’avance, le sac pour y ranger les habits souillés par le crime, tout comme «la dynamique organisationnelle quasiment machiavélique » du tandem meurtrier et leurs échanges récurrents de SMS : autant de preuves qui témoignent de l’étroite relation qui unissait en réalité O. et A. ainsi que leur volonté de « brouiller les pistes », selon le parquet.
Un vol de sac simulé
En garde à vue, « le jeune reconnaissait être l’auteur » des coups mortels et « avoir préparé et organisé le meurtre avec la complicité active de O. trois ou quatre jours avant », en simulant le vol de son sac, a dit M. Bourette. Malgré la mobilisation d’une cinquantaine de militaires, ce n’est que lundi, à la reprise des cours, qu’un camarade de l’agresseur a remarqué les blessures de celui-ci, permettant aux gendarmes de réorienter l’enquête. D’après ses premières déclarations, le meurtrier aurait voulu aider son amie à se débarrasser de Kevin, avec qui elle continuait d’entretenir une relation ambiguë mais dont elle se plaignait du « harcèlement ». A. a-t-il agi par amour pour O.? « D’après son entourage, il aurait pu décrocher la lune et les étoiles pour elle » mais « l’ambivalence de cette relation est sans doute un des sujets essentiels du dossier », a concédé le procureur, soulignant qu’en garde à vue l’adolescente a nié toute implication.