Monaco-Matin

Ivre, le maître d’hôtel percute un lampadaire avec des stupéfiant­s en poche

- J.-M.F.

Mardi, au tribunal correction­nel, l’heure était au « craving », pour satisfaire à l’actualité linguistiq­ue fonctionna­liste. Un terme anglo-saxon qui signifie « avoir terribleme­nt besoin ». Et même doublement pour ce quinquagén­aire français résidant à SainteAgnè­s ! L’addiction à l’alcool et à la drogue, située entre impulsion et compulsion, l’a placé sous une emprise comporteme­ntale perverse. Ce maître d’hôtel comparaiss­ait, en effet, pour conduite en état d’ivresse, avec un taux de 0,78 mg par litre d’air expiré. Plus la détention de 0,84 g de résine de cannabis dans sa voiture et une faible quantité de cocaïne dans sa sacoche. Un mélange « exaltant » à proscrire… Cette dépendance aux substances l’a conduit contre… un réverbère, le 12 janvier dernier. Vers 5 heures, la police patrouille dans la rue Terrazzani. Elle voit une personne affairée sur le pare-chocs avant d’un véhicule. Inquiétés, les agents s’approchent et comprennen­t rapidement qu’il s’agit du conducteur: il vient de percuter un lampadaire. Peut-être a-t-il été pris de panique en manoeuvran­t dans l’obscurité ? Non, c’est la conséquenc­e d’une alcoolémie de 0,78 mg par litre d’air expiré. En inspectant l’habitacle, les fonctionna­ires trouveront des petites doses de stupéfiant­s.

« Elle (la coke) ne tombe pas du ciel… »

À l’audience, le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e veut connaître la quantité de boisson absorbée et les raisons de la détention d’herbe. « J’ai fêté un anniversai­re, raconte le prévenu, où j’ai bu une dizaine de verres d’alcools forts et quelques mets. C’est en voulant stationner dans la rue que j’ai endommagé ma voiture. L’herbe ? C’est pour ma compagne. Elle en consomme depuis cinq ans pour soulager ses douleurs… » Et la coke ? « Elle se trouvait dans ma sacoche… » Le magistrat apparaît (Illustrati­on C.D.)

incrédule. « Peut-être ! Mais elle ne tombe pas du ciel… » Il doute tellement que le fautif jure qu’il n’a « jamais consommé… » Ces propos ne seront surtout pas perçus comme parole d’évangile. Mais le doute profite… Pulsion, besoin, envie, toujours doublé d’un caractère irrépressi­ble et irrésistib­le, sont abordés au cours du débat. C’est donc à demi-mot que le procureur Cyrielle Colle consent à évoquer les troubles d’un personnage qui se prétend non consommate­ur. « Pourquoi détenait-il alors des stupéfiant­s dans sa sacoche et dans le véhicule ? C’est interdit en Principaut­é ! L’élément primordial demeure toutefois l’excès de boisson. Quand on a bu au-delà de deux verres, on ne prend plus le volant. Il ne faut pas obérer cependant la situation profession­nelle de cet homme. Vous prononcere­z une peine de quinze jours de prison assortie du sursis et une amende à 45 euros. » Le tribunal préféra s’en tenir à un quantum de cinq jours, toujours avec sursis.

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« J’ai bu une dizaine de verres d’alcools forts », a admis le fautif.

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