Monaco-Matin

Le GP de France, «un moteur pour l’économie locale»

Ancien ingénieur en Formule 1 et toujours dans le circuit de la compétitio­n automobile, Michel Mac Burnie est « ravi » du retour du Grand Prix de France au Castellet

- PROPOS RECUEILLIS PAR SÉBASTIEN HÉNOT shenot@nicematin.fr

Michel Mac Burnie a été rattrapé par sa passion de la compétitio­n automobile. Le Niçois de naissance (60 ans) et Cadiéren d’adoption a pourtant réalisé son rêve de fonder sa propre société de restaurati­on de vieilles et belles anglaises en l’occurrence, “Mac Burnie Classic Cars” Mais il s’est relancé dans la course depuis septembre dernier : le gentleman restaurate­ur est redevenu ingénieur, sur la piste avec Almeras, « le » spécialist­e Porsche, et sur la glace avec l’écurie CMR (Classic & Modern Racing) et ses BMW au Trophée Andros. Michel Mac Burnie est ainsi revenu à ses origines puisqu’il s’était lancé dans le sport auto avec Almeras en 1985 et avait goûté au Trophée Andros de 1993 à 1996, les deux premières années avec un certain Hugues de Chaunac Et cet Azuréen «so british » a également connu le sommet de la compétitio­n automobile avec la Formule 1, en 1987 chez AGS (Automobile­s gonfaronna­ises sportives) et de 1988 à 1991 avec Larrousse. Même s’il s’est éloigné de la F1, le Cadiéren n’en est pas moins un observateu­r pas comme les autres du Grand Prix de France au Castellet du 22 au 24 juin, à quelques virages de son domicile et de sa société. Michel Mac Burnie (à droite et en médaillon) à l’époque de Larrousse en Formule , ici avec les autres ingénieurs Michel Tétu (au centre) et le regretté Gérard Ducarouge (à gauche). (Photo doc DR)

Votre penchant pour le sport auto a-t-il repris le dessus ? Je suis passionné depuis l’âge de - ans. À l’époque, je rêvais de Formule . Depuis, ma passion a évolué, avec le temps et au fil des expérience­s, et mes objectifs ont changé. Maintenant, j’ai plus de recul, moins d’implicatio­n en termes de temps et d’énergie, c’est uniquement du plaisir : j’ai trouvé le bon équilibre.

La Formule  a également évolué depuis que vous étiez ingénieur de piste et d’exploitati­on chez AGS et ingénieur d’études et de piste pour Larrousse... À l’époque, les écuries les plus huppées avaient un effectif de  à  personnes… alors que nous n’étions que  chez AGS ! Et nous étions une cinquantai­ne chez Larrousse, qui était une très belle équipe de moyenne dimension, mais c’est complèteme­nt dérisoire aujourd’hui, où les meilleures écuries comptent   à   personnes. Les budgets ont également été multipliés par dix,

au moins : avec AGS, c’était  millions de francs, soit environ , million d’euros, et  millions de francs avec Larousse en , soit environ  millions d’euros. Aujourd’hui, avec ça, on ne fait rien en F : il faut plusieurs centaines de millions d’euros.

Des écuries comme AGS et Larrousse auraient-elles encore leur place aujourd’hui en Formule  ? Plus du tout. Au temps d’AGS et de Larrousse, c’était bien plus primaire, comme l’aérodynami­que : on essayait de manière empirique, beaucoup de choses étaient basées sur l’expérience plus que sur du numérique comme maintenant.

Mais, à cette époque, les plateaux de F étaient bien plus fournis et comptaient jusqu’à  voitures ! Mais il n’y avait que  places sur la grille !

Les petites et moyennes écuries devaient passer par une séance de préqualifi­cation d’une heure le vendredi matin : c’était finalement le moment le plus intense, de l’adrénaline à  %, sans droit à l’erreur. Si on ne passait pas les pré-qualifs, on rentrait à la maison dès le vendredi matin.

Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir marqué de points lors d’un GP de France au Castellet alors que vous y êtes arrivé a vec AGS (Moreno du GP d’Australie  ) et que vous avez même connu un podium avec Larrousse (Suzuki du GP du Japon ) ? Non. Avec AGS, même si Roberto Moreno était rapide et fin metteur au point, nous avions profité de circonstan­ces de course, à une époque où les abandons étaient nombreux, contrairem­ent à maintenant : les voitures sont devenues

extrêmemen­t fiables. Il ne faut pas oublier que l’AGS de  était une ancienne Renault reconditio­nnée pour accueillir un moteur Ford-Cosworth mais qui n’avait pas fait une heure de soufflerie ! Mes meilleurs souvenirs sont avec Larrousse, une équipe très bien organisée, très bien structurée. Cela avait été formidable pour un jeune ingénieur comme moi de pouvoir participer à la conception d’une F, de travailler avec un duo très complément­aire composé de Gérard Ducarouge, homme de terrain et meneur d’hommes, et Michel Tétu, très pointu techniquem­ent. Et, autre très bon souvenir, outre le podium d’Aguri Suzuki, Philippe Alliot avait eu la pole position pendant - minutes et s’était finalement qualifié du GP d’Espagne en  ou .

Que pensez-vous de l’évolution du circuit Paul-Ricard ? Il s’est adapté à la compétitio­n moderne, au niveau de la sécurité en piste et de ses infrastruc­tures. Il a été un précurseur quand il a été reconditio­nné il y a une

dizaine d’années et c’est maintenant un circuit référence dans le monde entier.

Est-il propice aux dépassemen­ts ? Avec ses deux lignes droites, oui, sans problème. Et il le faut ! C’est le but de la compétitio­n automobile.

Suivez-vous encore la Formule  ? Non, j’ai complèteme­nt décroché : je n’ai plus vu un Grand Prix depuis  ou  ans ! Je suis tellement absorbé par mes autres activités. Et je ne suis même pas sûr d’être au Castellet le  juin ! Mais je suis ravi du retour du GP de France au Paul-Ricard : c’est un moteur pour l’économie locale, une dynamique commercial­e pour la France. C’est une locomotive qui ne peut que drainer des investisse­urs.

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