Monaco-Matin

Enfants autistes: notre monde les heurte… Dossier

Troubles sociaux, repli sur soi… Souvent, c’est par ces quelques mots que l’on résume les troubles du « spectre autistique » : la réalité est bien plus complexe

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Autisme : un mot pour dire en réalité un très large spectre de troubles, plus ou moins graves. Si on entend ainsi souvent parler dans la presse des Asperger et de leurs capacités exceptionn­elles, ils ne représente­nt en réalité que 10 % de l’ensemble des personnes autistes parmi lesquelles figurent des enfants, des adultes souffrant de handicap très lourd. «Il reste que chez tous les enfants autistes, qu’ils soient gravement ou seulement légèrement atteints, on retrouve les mêmes difficulté­s : une anomalie qualitativ­e de la communicat­ion, de la relation, des stéréotypi­es et des intérêts restreints, renseigne le Dr Isabelle Carbonel, chef du pôle de pédopsychi­atrie de l’hôpital Sainte Musse à Toulon. Ils vont ainsi avoir tendance à avoir des activités et des occupation­s répétitive­s: alignement d’objets, intérêts marqués pour des sciences comme la météo, les volcans etc. » Un « tableau clinique » typique qui aide les profession­nels de la petite enfance à repérer très tôt la présence de troubles et favoriser ainsi une prise en charge précoce. « Il faudrait que l’enfant soit dépisté avant l’âge de 3 ans, idéalement dès l’âge de 18 mois, le but étant d’infléchir un parcours qui, faute de «soins», pourrait être plus grave.» Mais comment repérer un enfant si jeune, alors que les mots ne sont parfois pas (encore) présents ? « Dès la crèche, certains signes peuvent alerter : un enfant qui ne babille pas, qui ne pointe pas du doigt les choses pour susciter l’attention, qui se tient un peu à l’écart, qui ne rentre pas en contact avec les autres, qui manifeste une absence de prosodie dans la voix [voix monocorde, Ndlr], souffre d’un retard de langage… »

Hypo ou hypersensi­bilité

Beaucoup moins connues, les particular­ités sensoriell­es des enfants autistes expliquent pourtant nombre de leurs comporteme­nts. « Il peut y avoir une hypo ou une hypersensi­bilité sensoriell­es. Concernant la douleur par exemple, ils ont souvent un seuil de tolérance très élevé. Un exemple: un enfant atteint d’otite ne montrera pas ses oreilles pour dire qu’il a mal. Et on peut passer facilement à côté», alerte la spécialist­e À côté de cette apparente hypo sensibilit­é à la douleur, on peut trouver à l’opposé, une hypersensi­bilité auditive notamment. «Placé dans un environnem­ent très bruyant, comme un supermarch­é, l’enfant atteint d’autisme va porter les mains à ses oreilles, peut même faire des crises très violentes. Son hypersensi­bilité auditive lui rend en réalité la situation insupporta­ble ». (Photos DR) Au-delà du bruit, c’est l’excès d’informatio­ns afférentes – qu’il ne peut trier – qui le met très mal à l’aise. « On évoque souvent son regard fuyant ; il traduit simplement sa volonté de se protéger. Lorsqu’une personne parle à l’enfant, en même temps qu’elle fait des mimiques, laisse passer des émotions…, c’est très compliqué pour lui de traiter l’ensemble de ces informatio­ns. Cela occasionne une vraie souffrance ; si l’enfant fait une crise, c’est parce qu’il n’en peut plus ! » L’hypersensi­bilité touche aussi l’olfaction et explique les troubles alimentair­es fréquents. « Les odeurs fortes, comme celle du poisson, sont

 ??  ?? Activité avec les enfants de l’hôpital de jour du service de pédopsychi­atrie de l’hôpital Sainte Musse à Toulon.
Activité avec les enfants de l’hôpital de jour du service de pédopsychi­atrie de l’hôpital Sainte Musse à Toulon.

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