Monaco-Matin

« J’ai un plan contre Nadal »

Dominic Thiem a déjà dominé l’Espagnol mais jamais en trois sets gagnants. Le studieux Autrichien va tenter de résoudre l’insoluble équation face à l’ogre de l’ocre

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Prendre un set au maître des lieux, c’est déjà une prouesse. Mais le faire chuter sur le court central Philippe-Chatrier, en finale, c’est jusqu’ici mission impossible. Tous ceux qui sont partis à l’abordage ont fini par couler, mitraillés de coups droits «lasso», de passing «canon» et désemparés devant la défense insubmersi­ble d’un flibustier jamais rassasié qui vogue vers un onzième titre record... treize ans seulement après le premier. Au jeune corsaire de 19 ans, qui exhibait ses biceps sous un t-shirt sans manches et faisait voler son pantacourt d’un bout à l’autre du court, a succédé un capitaine à l’arsenal encore plus étoffé.

Dix sur dix pour Nadal

Le Suédois Robin Söderling, l’un des deux seuls joueurs, avec Novak Djokovic, à l’avoir battu à Paris (2009), est «impression­né par ses progrès en revers». «Il l’a énormément amélioré. C’est pour cela qu’il est de nouveau N.1 mondial et bat tout le monde» ,arenchéri l’Argentin Juan Martin Del Potro, en panne de solutions vendredi en demi-finale (6-4, 6-1, 6-2). Certes, Nadal «ne se déplace peut-être pas aussi bien qu’il y a cinq, six ou dix ans» mais ce qu’il fait à 32 ans est «incroyable», poursuit Söderling. «Rien ne dit, s’il ne se blesse pas, qu’il

ne gagnera pas le tournoi encore deux ou trois fois.» La réalité des chiffres est implacable pour l’Espagnol. Sur dix finales disputées jusqu’ici, il n’en a perdu aucune (2005-2008, 2010-2014 puis 2017). Plus bluffant encore: ses adversaire­s n’ont pas inscrit, en cumulé, plus de six sets. Il n’a jamais été poussé non plus jusqu’à la cinquième manche dans l’épilogue parisien. C’est dire l’ampleur de la tâche de Thiem qui ne rêve que d’une chose: succéder à son modèle, Thomas Muster, seul Autrichien à avoir soulevé la Coupe des Mousquetai­res (1995).

Thiem l’a fait trois fois

C’est tout sauf un hasard si le jeune loup de 24 ans dispute sa première finale

en Grand Chelem à Roland-Garros. L’ocre, c’est son terrain préféré. Il n’a d’ailleurs affronté Nadal que sur cette surface (6-3 en faveur de l’Espagnol). A Roland, il n’en garde pas de bons souvenirs. Deux fois, il a plié sèchement en trois sets, encaissant même un 6-0 en demi-finale l’an dernier (6-3, 6-4, 6-0). Si l’Autrichien avait battu Rafa une première fois en février 2016 en demie à Buenos Aires (6-4, 4-6, 7-6), depuis 2017, cet élève appliqué est le seul à avoir enrayé la mécanique majorquine bien huilée. Nadal était fatigué l’an passé à Rome (6-4, 6-3 en quarts), après son triptyque Monte-Carlo/Barcelone/Madrid, mais il semblait en revanche en pleine possession de ses moyens le mois dernier dans la capitale espagnole. En l’agressant sans arrêt, avec des coups profonds et sa surpuissan­ce caractéris­tique, «Domi» avait abattu la muraille avec une réussite phénoménal­e (7-5, 6-3 en quarts). «C’est beaucoup plus agréable de l’affronter en sachant que vous l’avez battu sur cette surface. Mais cela reste le défi ultime», a affirmé le puncheur à la personnali­té policée. Il ne faut peut-être pas se fier aux apparences. Le protégé de Günther Bresnik a un caractère bien trempé aussi en dehors des courts, comme sa diatribe sur le service militaire («c’est cassecouil­les») l’a montré vendredi. Et, jusqu’à preuve du contraire, il n’a pas peur. «J’ai un plan contre Nadal», a-t-il assuré. Parviendra-t-il à le mettre en place cet après-midi ?

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Dominic Thiem va-t-il empêcher Rafael Nadal d’empocher son e titre à Roland ? (Photos AFP)

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