Monaco-Matin

AS Monaco : Ali Traoré, le métronome

Depuis le début des play-offs, l’internatio­nal de la Roca Team Ali Traoré (2,06m, 33 ans) tourne à un hallucinan­t 23/28 dans les tirs. Chômeur en début de saison, il est dans la plénitude de son art

- FRANÇOIS PATURLE

Les play-offs, c’est bien connu, c’est dur et ça défend beaucoup plus. Donc, en général, les pourcentag­es d’adresse ont tendance à baisser. Pour Ali Traoré, c’est l’inverse, et ça frise même le paranormal. On a cherché dans les archives... Pour l’instant, on n’a pas trouvé. Un joueur tournant à 82% après six matches de play-offs acharnés (23/28, en 13 minutes de moyenne, plus 2,2 rebonds), il fallait l’inventer ! Ali Traoré, lui, l’a fait. On ne parle pas ici de dunks, mais plutôt de bras roulés distillés avec le toucher. « Ça ne me dérangerai­t pas de baisser mes pourcentag­es, tout ce qui compte c’est que l’on aille chercher ce titre », souffle ‘’Bomayé’’, son surnom. Internatio­nal avec les Bleus il n’y a pas si longtemps (médaille d’argent européenne en 2011, quart de finaliste olympique en 2012), Ali Traoré était pourtant au chômage en début de saison, après un exercice raté en Espagne et au Liban la saison passée. « Pourquoi Ali s’est-il retrouvé au chômage à 32 ans ? Cela fait juste partie des choses incompréhe­nsibles », nous disait récemment Georgi Joseph, son coéquipier. « Après des expérience­s décevantes je voulais surtout me retrouver dans une équipe où je prendrais du plaisir, c’était ma priorité. J’avais refusé quelques propositio­ns. Et puis les semaines et les mois sont passés, sans club. J’ai alors un peu déprimé », nous confiait Ali Traoré lors de son arrivée sur le Rocher. Relancé d’abord en tant que pigiste par Antibes, il tapa dans l’oeil de Monaco. Au moment des échéances décisives, l’ASM se félicite d’avoir récupéré un intérieur d’un tel niveau en sortie de banc.

Ali, tu mets toute ton expérience et ta concentrat­ion dans ces play-offs, on sent que ça te tient vraiment à coeur ? Bien sûr. Je me sens très bien dans ce club. J’ai été super bien accueilli, j’ai à coeur d’aider Monaco à remplir sa mission, remporter ce titre de champion... Quand les enjeux augmentent, la concentrat­ion doit monter. Je suis % concentré sur cette tâche, tout simplement. Un mystère à lever : Paul Lacombe nous a précisé que tu es droitier pour écrire mais gaucher pour shooter. Est-ce bien cela ? Oui, je suis en train de révéler mon secret à tout le monde, mais je suis un pur gaucher contrarié, à qui l’on a appris à écrire de la main droite. Du coup, j’arrive à faire pas mal de choses avec mes deux mains. Mais à la base, je suis un pur gaucher.

« Avec mes potes »

Tu t’entends bien avec tout le monde à l’ASM, mais on connaît tes affinités de longue date avec Amara (Sy), Georgi (Joseph), Paul (Lacombe), ce qui donne une alchimie spéciale dans cette Roca Team... C’est vrai, je l’ai dit en signant (en janvier dernier), la moitié de l’équipe faisait déjà partie de mes potes en arrivant. La possibilit­é de disputer des trophées avec mes amis, qu’imaginer de mieux ? J’ai eu la chance d’être déjà champion de France à l’ASVEL avec Paul (Lacombe), Amara (Sy), Bangaly (Fofana), pas Georgi , malheureus­ement. C’était naturel voire trop facile de m’intégrer dans cette équipe de Monaco.

« Attraper le Graal »

Le moment est donc venu de se battre pour le titre de Georgi Joseph.... Oui, pour Georgi, et ce serait bien aussi que Paul (Lacombe) mette un terme à cette série de finales perdues ( avec Strasbourg). Je sais que cela lui pèse, il faudrait qu’il puisse enfin exorciser ces bêtises de finales perdues.

En quoi une finale, est-ce particulie­r ? Cela signifie beaucoup d’intensité, beaucoup de sacrifices. C’est aussi notre force : dans la Roca Team, il y a des généraux mais aussi des soldats, des gars qui pourraient prétendre à plus de temps de jeu dans d’autres équipes mais qui décident de se fondre dans le collectif pour jouer leur rôle. Cela passe par du dévouement, par de l’intelligen­ce de jeu, pour effectuer les ajustement­s tactiques nécessaire­s.

Au Mans figure un pivot surdimensi­onné, Youssoupha Fall (,m). C’est un défi d’affronter ce type de joueur ? En tant que joueur intérieur, oui, c’est un défi de jouer contre un joueur aussi grand, immense... Après, on a l’expérience pour gérer ce genre d’adversité. Il est clair que l’une des clés du match sera de contrôler la raquette. Ils ont un très bon secteur intérieur. Je ne me focalise pas spécialeme­nt sur Fall, mais le secteur intérieur sera l’un des clés de cette finale.

Quel souvenir gardes-tu de la finale de la Leaders Cup en février (- pour l’ASM face au Mans) ? C’était intense. Il ne faut pas se tromper, Le Mans est une très belle équipe, ils ont fini  es , ils jouent bien au basket et ils ont énormément de coeur. Cette finale de Leaders Cup fut très disputée. Il ne faut pas se leurrer, ça va être un combat. Les Manceaux sont au même niveau que nous, à trois victoires d’être champions de France. Les deux équipes sont proches du Graal et vont tout faire pour l’attraper. Les deux finalistes partent sur un pied d’égalité.

« On n’arrive pas la fleur au fusil »

À  ans, as-tu le sentiment d’atteindre une forme de plénitude en tant que joueur ? Au niveau de l’expérience, de la maturité, on peut le dire comme ça. La stabilité émotionnel­le, cela se traduit par un jeu avec beaucoup moins de déchets. J’ai toujours été un joueur plutôt efficace sur les courts temps de jeu. Le fait d’évoluer avec des gars super forts, ça m’aide beaucoup aussi, notamment au niveau des passes.

Avant la demie assez chaude contre Limoges, Monaco avait déjà survécu aux  points d’Okobo (Pau), sans Gerald

Robinson, et avec un Chris Evans à % de ses moyens. C’est plutôt bon signe ? On a réussi à vaincre pas mal d’adversité dans ces play-offs, on n’arrive pas la fleur au fusil. C’est mieux. Une saison peinarde, des play-offs tranquille­s, ce n’est jamais bon au moment d’attaquer une finale. Il vaut mieux avoir traversé quelques bourrasque­s. Le Mans en a traversé pas mal aussi. Je pense que ça va donner une belle finale.

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(Photos Jean-François Ottonello) Une patte gauche redoutable en sortie de banc pour l’AS Monaco.

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