Nice,
Ils débarquent à 14h15 du train qu’ils aiment tant et qu’ils veulent défendre à tout prix. Une cinquantaine de manifestants s’installent sur le parvis de la gare de Nice et déploient dans une ambiance bon enfant pancartes et banderoles sous l’oeil vigilant de policiers. « La ligne ferroviaire Breil-TendeCuneo est en grand danger. Ensemble nous sauvegarderons notre ligne de vie», peut-on lire sur un tract distribué aux passants. Sur une pancarte plus politique, un slogan : « Non Élisabeth (N.D.L.R., Élisabeth Borne, la ministre chargée des transports), la SNCF n’est pas à vendre ». Les manifestants dansent, chantent avec bandonéon et guitare des chants populaires italiens. Sur la poitrine de certains, un badge où il est inscrit : «Mon train j’y Ces deux manifestations à Breil et Nice avaient pour objectif de rappeler combien la ligne ferroviaire Nice-Cuneo reste vitale pour l’avenir du haut-pays mentonnais. (Photo François Vignola)
tiens. » Christian Poirier, micro en main, le président du comité franco-italien de défense de la ligne Nice-Cuneo-Vintimille, cheminot à la retraite, domicilié à
Breil-sur-Roya, exprime ses craintes sur l’avenir de cet axe ferroviaire malgré les 29 millions d’euros de travaux en cours pour sécuriser les voies.
« On vit une aberration »
Les bus de substitution actuels montrent, selon les usagers, leurs limites en terme de confort et de sécurité. «Au lieu d’un train, on a un car depuis Breil, un car depuis Sospel, un depuis L’Escarène», rappelle Christian Poirier. Les manifestants veulent croire à nouveau à une cadence de trains régulière, qui circuleraient à une vitesse normale, avec des correspondances entre les trains français et italiens. « Je veux pouvoir, de nouveau, aller de Turin à Nice pour venir voir mon fils», revendique Laura Nardi, ressortissante italienne de 89 ans. Laurence Sarfati, qui anime cette bataille du rail sur les réseaux sociaux, s’attarde sur la spécificité historique de cette ligne : « Aujourd’hui, les routes sont départementales, les lignes ferroviaires régionales et on a perdu cette dimension internationale. On nous enlève les douaniers, les gendarmes, les cheminots. Du coup, on se retrouve le parent pauvre. Nos maisons se dévaluent au fil du temps et deviennent invendables. On vit une aberration. » Alain, qui est venu avec son petitfils Calvin, veut croire lui aussi en l’avenir de ce haut-pays, un avenir qu’il voit tout tracé grâce au rail, rempart contre l’envahissement des camions. Si des élus étaient présents à la manifestation à Breil-sur-Roya le matin, ils n’ont pas fait le voyage jusqu’à Nice. Ce que regrettaient certains manifestants qui se battent pour que «cette ligne viveet non survive».