Monaco-Matin

Le sculpteur Peppone gagne une manche en justice contre Tintin

- PH. D

Bien connu dans notre région, le sculpteur Christophe Tixier, alias Peppone, a conçu dans son atelier de La Roque d’Antheron une série de 90 bustes parodiques de Tintin, en résine et fibre de verre, qui représente­nt le héros d’Hergé revendiqua­nt la libération du Tibet, avec une marque de rouge à lèvre sur la joue ou recouvert de coupures de journaux de l’attentat de Bruxelles, avec une larme coulant de ses yeux. Des représenta­tions qui ne sont pas du tout du goût de Moulinsart SA, la société qui détient les droits d’exploitati­on de l’oeuvre d’Hergé. Réputée pour son agressivit­é procéduriè­re, Moulinsart SA, plutôt que de s’adresser à la justice commercial­e, comme c’est l’habitude dans ce type de litiges, a directemen­t assigné l’artiste devant le tribunal correction­nel pour «contrefaço­ns». Ses avocats, en effet, ne voient dans la démarche de Peppone aucun « message personnel » qui justifiera­it la reproducti­on au nom de la liberté d’expression, mais plutôt « une volonté de s’accaparer le rayonnemen­t de l’oeuvre pour mener un petit commerce en toute impunité ». La charge est lourde contre l’artiste, qui a dû invoquer la « dimension créative »deson travail et plaider « une volonté de casser les codes »en détournant la représenta­tion d’un personnage qui est « la madeleine de centaines de milliers de personnes ».

Vers d’autres poursuites ?

Où s’arrête la propriété intellectu­elle et où commence la liberté d’expression? C’est à ces questions que le tribunal correction­nel d’Aix-en-Provence, saisi de l’affaire, avait à répondre. Il s’est épargné cette peine en déboutant Moulinsart SA de ses requêtes, à l’argumentat­ion « trop imprécise ». Une décision qui satisfait les défenseurs de Christophe Tixier, Aurélie Ortsman et Delphine Co du cabinet aixois Manenti & Co, mais qui n’est sans doute qu’un premier round. Particuliè­rement jalouse de ses droits sur l’oeuvre d’Hergé, la SA Moulinsart n’a pas coutume d’abandonner les poursuites au premier revers, ni de laisser le premier bachi-bouzouk venu menacer la « petite entreprise familiale » que ses avocats ont complaisam­ment décrit à l’audience. En attendant, Peppone reste libre de produire et commercial­iser ses créations, dont le procès risque de faire monter la cote...

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(DR) Christophe Tixier, alias Peppone, et l’une des oeuvres incriminée­s.

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