Monaco-Matin

L’ÉDITO Les G sont devenus des G

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

L’image vaut mieux que tout un commentair­e. Ainsi retiendra-t-on de la rencontre des  grands de ce monde au Canada une photograph­ie, une seule [voir ci-contre], qui résume l’état actuel des relations entre les  pays les plus industrial­isées du monde et les États-Unis. On y voit Donald Trump assis derrière une table, les bras croisés, l’air dominateur, un petit sourire ironique vissé sur les lèvres. Face à lui, les six autres dirigeants du G sont restés debout face à lui. Les bras appuyés sur la table, Angela Merkel semble l’interroger sur ses intentions. Emmanuel Macron ne la quitte pas des yeux. Le Premier ministre japonais, imperturba­ble, écoute la conversati­on comme avec résignatio­n. Une lourde atmosphère semble peser sur tous les participan­ts. Goguenard, Donald Trump attend que la chancelièr­e ait fini de parler. Tout est dit. Les G sont devenus G. Le Président américain n’en a que faire. Il est arrivé le dernier au Canada, il est parti le premier. Il a bien eu, avant-hier, quelques mots aimables pour Emmanuel Macron mais, depuis qu’il a mis un pied dans la grande salle de réunion, il n’a pas changé d’un pouce. On l’accuse de malmener le commerce internatio­nal en changeant les règles du jeu, en taxant l’aluminium et l’acier. Il répond que ce sont les autres pays qui veulent affaiblir l’Amérique. Et que c’est à eux d’y mettre bon ordre. « America first » ,son slogan n’a pas évolué. Pour finir d’ailleurs, après avoir paraphé le

« Cela s’appelle un fiasco. Bref, Trump se fiche du G6 comme de sa première chemise ».

communiqué final, il retire sa signature, vingt-quatre heures plus tard, sur un prétexte qui ne tient pas la route. Cela s’appelle un fiasco. Bref, Trump se fiche du G comme de sa première chemise. Son seul objectif est de démontrer à son électorat américain que, grâce à lui, les États-Unis sont prospères et n’ont que faire du reste du monde. Et que le protection­nisme est la clef de l’opulence. Les chefs d’État et de gouverneme­nt européens, canadien et japonais n’ont qu’à se débrouille­r sans lui. L’Europe, en particulie­r, doit se le tenir pour dit. Le problème, pour elle, est qu’elle n’a jamais été aussi faible. Elle ne doit trouver qu’en elle-même la force de rebondir.

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