Monaco-Matin

Les ailes de l’enfer

Dans le dur face aux USA, les latéraux Djibril Sidibé et Benjamin Mendy ont présenté un visage inquiétant. Longuement blessés cette saison, sont-ils vraiment prêts pour le Mondial ?

- MATHIEU FAURE

Les footballeu­rs sont souvent accrocs aux séries télévisées qui passent dans l’après-midi au moment de la sieste quotidienn­e. On imagine bien Didier Deschamps, quand il était encore joueur, plutôt branché « Pour l’amour du risque » qui mettait en scène Jonathan et Jennifer Hart, un couple de détectives milliardai­res. Deschamps aime le risque, c’est une évidence. Sinon, comment interpréte­r l’idée de débuter le Mondial 2018 avec deux défenseurs longtemps blessés cette saison et qui, dans la dernière ligne droite, n’ont quasiment pas joué. Benjamin Mendy, à gauche, a été gravement blessé au genou le 23 septembre dernier. Et depuis son retour avec Manchester City le 22 avril, il n’a joué que trois bouts de match (15’, 33’ et 14’, soit 59 minutes de jeu avant la liste des Bleus). A droite, Djibril Sidibé aurait pu faire une croix sur la Russie lorsque son ménisque lui a joué un vilain tour au Parc des Princes, le 15 avril, l’obligeant à sortir sur une civière et observer un protocole de soins drastiques pour éviter l’opération. Deux miraculés en somme. Quand on sait à quel point les corps des footballeu­rs sont des machines de précision, espérer être apte, compétitif et sans aucune appréhensi­on en si peu de temps relève du droit divin. Qui plus est pour une Coupe du monde. Blessé au genou en septembre 2015, Nabil Fekir a mis quasiment deux saisons avant de retrouver ses sensations. Et, ironie du sort, son genou touché serait la raison du quiproquo entre Liverpool et Lyon la semaine dernière alors que le transfert du capitaine lyonnais en Angleterre semblait bouclé. Pourtant, Didier Deschamps estime que Benjamin Mendy, et dans une moindre mesure, Djibril Sidibé peuvent enchaîner des matches internatio­naux en l’espace d’un mois. C’était en tout cas son message après le match face à l’Irlande, fin mai : « Je suis vraiment surpris, non parce que je connais leurs qualités, mais il faut le dire Benjamin, il sortait d’une grave blessure. Le voir sans appréhensi­on, sans gêne, chapeau Benjamin, ce n’est jamais évident de sortir d’une grave blessure. Il a démontré qu’on pouvait compter sur lui. »

Pavard et Hernandez, des pistes crédibles

Il y a souvent un décalage entre l’envie du joueur d’être prêt et la capacité physique à l’être. Mentalemen­t, Mendy y a toujours cru. Ou voulu y croire. Lorsqu’il a été amené à revenir sur sa rééducatio­n, il a souvent été question de mental : « Grégory Dupont (préparateu­r physique des Bleus) était souvent en contact avec mon préparateu­r physique personnel. Il a eu un rôle important. Ce n’était pas de la souffrance, mais des choses dures sur le coup. Je les ai pris comme il fallait. Je suis fier de moi aujourd’hui et je les remercie tous. La première fois quand je suis tombé contre Crystal Palace, après ma blessure, je n’ai posé qu’une seule question au docteur. Est-ce que je peux être prêt pour la Coupe du Monde ? Il m’a dit : ‘’oui, si tu bosses dur’’. Dès que je suis sorti, j’ai commencé à bosser sur le lit d’hôpital. Je n’avais qu’un objectif, c’était d’aller au Mondial ». Même son de cloche chez Djibril Sidibé après son match face à l’Irlande : « L’objectif était de revenir après l’épisode que j’ai connu il y a à peu près un mois. J’ai eu de bonnes sensations. Ça va, je suis rassuré. J’espère que ça va continuer comme ça (...) C’est sûr que le système en losange suppose que nous, les latéraux, on cavale beaucoup (il sourit). Mais il ne faut pas oublier que notre premier rôle, c’est d’abord de bien défendre. » Mais voilà, une fois passée l’euphorie du retour, il faut disputer des matches. Face aux Etats-Unis, les deux anciens Monégasque­s ont accusé le coup physiqueme­nt. C’était criant. « Ils n’ont jamais présenté des garanties défensives incroyable­s mais ils compensaie­nt par leur volume physique, détaille Grégory Paisley, ancien Niçois et consultant sur BeIn Sports. Là, avec le déficit physique dû à leurs blessures, c’est encore plus criant et par séquences, ils ont vraiment fragilisé leur charnière centrale. Et quand, derrière, tu vois les rentrées très propres de Pavard et Hernandez, tu te dis qu’il y a match...» Surtout, Mendy et Sidibé n’ont pas un vécu en équipe de France incroyable (7 capes pour le Mancunien, 17 pour Sidibé). De là à redistribu­er les cartes avant l’Australie ? Cela va dépendre de l’appétence de Didier Deschamps pour le risque.

 ?? (Photos PQR/Le Dauphiné et PQR/Le Progrès) ?? Djibril Sidibé et Benjamin Mendy ont été en difficulté contre les USA. Les deux latéraux ont connu, cette saison, des blessures qui expliquent, sans doute, leur baisse de forme actuelle. Comment seront-ils face à l’Australie, samedi, pour le premier...
(Photos PQR/Le Dauphiné et PQR/Le Progrès) Djibril Sidibé et Benjamin Mendy ont été en difficulté contre les USA. Les deux latéraux ont connu, cette saison, des blessures qui expliquent, sans doute, leur baisse de forme actuelle. Comment seront-ils face à l’Australie, samedi, pour le premier...

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