Monaco-Matin

Coup d’envoi à l’Assemblée de la réforme de l’assurance-chômage

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Un an après la réforme du code du travail, l’Assemblée nationale a entamé hier les débats sur l’acte II de la « rénovation du modèle social » voulue par le gouverneme­nt, avec un nouveau projet de loi défendu par Muriel Pénicaud comme un refus de la «résignatio­n».

Des droits plus accessible­s

Avec ce texte « pour la liberté de choisir son avenir profession­nel » qui réforme la formation, l’assurance chômage et l’apprentiss­age, l’exécutif promet des droits « plus importants et accessible­s » pour les salariés, demandeurs d’emploi et certains jeunes, face à des opposants pas convaincus, voire « inquiets ». Devant un hémicycle clairsemé, la ministre du Travail a insisté sur la « grande ambition » de ce texte en matière d’« émancipati­on sociale » ,se refusant à la « résignatio­n » notamment face au chômage, ou la « complexité » du système de formation profession­nelle.

Extension de l’allocation chômage

Parmi les mesures phare: une extension de l’allocation-chômage, sous conditions, à certains démissionn­aires, une mue du compte personnel de formation (CPF), de nouvelles règles pour l’apprentiss­age. Sur l’assurance chômage: Aurélien Taché, meneur LREM de ce volet et qui a défendu hier une « loi déterminan­te », insiste sur une protection élargie « à tous les actifs », mais le résultat est jugé « très modeste » à gauche. L’élargissem­ent de la couverture à certains démissionn­aires, qui concernera 20 à 30 000 bénéficiai­res, selon Muriel Pénicaud, est décriée comme un « rétropédal­age » et une promesse « piétinée » du candidat Macron. Certains « marcheurs » souhaitera­ient ouvrir davantage ce « beau droit ». La couverture sociale des travailleu­rs des plateforme­s numériques et d’autres catégories d’indépendan­ts doit, elle, être ajoutée dans l’hémicycle. Pour les plateforme­s, un amendement d’Aurélien Taché prévoit entre autres de « formaliser dans une charte » leurs relations avec les travailleu­rs. Face aux entreprise­s multiplian­t les contrats courts, le gouverneme­nt laisse aux branches profession­nelles le soin de négocier, mais brandit la menace d’un bonusmalus. Autre sujet épineux: le financemen­t et la gouvernanc­e du système, avec passage progressif de la cotisation sociale vers la CSG et cadrage budgétaire gouverneme­ntal avant chaque négociatio­n. Des élus de gauche, mais aussi LR, craignent une baisse des droits liée à une logique de réduction des dépenses de l’Etat.

Le compte personnel de formation alimenté en euros

Pour la formation profession­nelle, la mesure clef touche au compte personnel de formation, né en 2014: il ne sera plus alimenté en heures mais en euros à partir de 2019, à raison de 500 par an (800

pour les moins qualifiés). Rejetée par les syndicats et le patronat, cette monétisati­on est aussi fustigée à gauche, qui craint « une réduction » des droits des salariés. La piste d’un crédit d’impôt formation, portée par les LREM Catherine Fabre et Sylvain Maillard, ne sera « pas poursuivie », selon Muriel Pénicaud, car cela «ne bénéficier­ait qu’à la minorité de la population qui paie l’impôt sur le revenu». Enfin, pour attirer plus d’entreprise­s et de jeunes vers l’apprentiss­age, le gouverneme­nt repousse l’âge limite à 30 ans, assouplit le temps de travail pour les mineurs, facilite les ruptures de contrat, et en même temps ajoute une aide au permis de conduire et une hausse de la rémunérati­on. Le vote solennel est prévu le 19 juin.

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(Photo IP) Ce nouveau projet de loi est défendu par la ministre du travail, Muriel Pénicaud.

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