L’ex-procureur Jean-Pierre Dréno inculpé
L’inculpation de l’avocat général à la cour d’appel d’Aix-en-Provence marque un nouvel épisode dans l’affaire qui oppose Dmitri Rybolovlev et Tetiana Bersheda à Yves Bouvier et Tania Rappo
L’ancien procureur général de Monaco, JeanPierre Dréno, a été inculpé, le 8 juin, «pour des faits de complicité d’atteinte au droit au respect de la vie privée et familiale», nous a confirmé, hier après-midi, le parquet général de Monaco, en accord avec Laurent Anselmi, directeur des Services judiciaires. Une inculpation qui s’inscrit dans le cadre de «la procédure ayant vu Mme Tetiana Bersheda et Dmitri Rybolovlev être inculpés», précise le parquet.
Rappel des faits
Voici dont un nouvel épisode dans cette affaire qui ponctue la vie judiciaire monégasque depuis le 9 janvier 2015, date à laquelle deux sociétés appartenant à la famille du milliardaire, président de l’ASM Football club et collectionneur d’art, Dmitri Rybolovlev, déposent plainte contre Yves Bouvier pour «escroquerie » et « complicité de blanchiment». Le marchand d’art suisse est alors accusé par le Russe de lui avoir surfacturé des tableaux de maître. Il est rapidement inculpé. Tout comme l’intermédiaire entre les deux hommes, la résidente monégasque Tania Rappo. Elle porte plainte à son tour pour «atteinte à la vie privée» dans le cadre d’un enregistrement audio réalisé à son insu chez Dmitri Rybolovlev par Tetiana Bersheda. À la suite de quoi, le Russe et son avocate seront, eux aussi, inculpés. Quant à Philippe Narmino, directeur des Services judiciaires, il est placé en garde à vue le 22 septembre 2017 pour avoir largement échangé par SMS avec Mme Bersheda. À notre connaissance, le Monégasque, aujourd’hui à la retraite, n’est ni inculpé, ni placé sous contrôle judiciaire.
« Ça fait partie du folklore »
Procureur général depuis mai 2011, Jean-Pierre Dréno ouvre une information, en 2015, dès le début de l’affaire. Il quittera Monaco le 30 septembre 2015, pour Aix-en-Provence où il est nommé avocat général à la Cour d’appel; poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. Il explique : « Je n’ai commis strictement aucun délit. J’ai poursuivi Yves Bouvier et Tania Rappo, en conséquence de quoi Mme Rappo a déposé plainte. Mon inculpation est quasi-automatique; c’est la conséquence de la plainte. Ça fait partie du folklore. Je n’ai pas encore été entendu par le juge d’instruction. Aujourd’hui, je ne sais pas où en est le dossier. Quand j’ai ouvert une information en 2015, il y avait des présomptions et des indices de manoeuvres frauduleuses. Maintenant, je vais pouvoir prendre connaissance du dossier.» Bien que les faits remontent à 2015 et qu’il y a évidemment présomption d’innocence – pour les uns comme pour les autres –, l’inculpation de Jean-Pierre Dréno est de nature à jeter un peu plus encore le trouble sur une affaire qui brouille, depuis plus de trois ans, l’image que la Principauté tend à gagner tant sur la scène locale qu’au niveau international.