Monaco-Matin

Comment l’armée protège les oiseaux à Saint-Jean?

Une convention vient d’être signée avec la LPO afin que le sémaphore devienne un espace protégé pour la faune et la flore

- AGNÈS PASQUETTI-BARBERA Plus d’informatio­ns sur http://paca.lpo.fr

Représenta­nts de l’armée et de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) étaient réunis, il y a une dizaine de jours, dans l’un des sites les plus enviés de la presqu’île. Ils étaient venus entériner un accord de collaborat­ion au sémaphore de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Le capitaine de corvette en charge des dix-neuf sémaphores de la Méditerran­ée, Frédéric Nicolle, explique qu’il s’agit d’un premier test. « On essaye de concilier nos missions de défense militaire et d’actions de l’État en mer, avec l’accueil d’un site environnem­ental. Nous le faisons ici car le site le permet, au vu de sa taille [23 000 m²].»Comment ? On vous en dit plus.

Un programme pour «favoriser la biodiversi­té»

Ce programme, intitulé « Refuge », est à l’initiative de la LPO qui a travaillé avec le ministère des Armées. Le responsabl­e du programme biodiversi­té Alpes-Maritimes à la LPO, Benjamin Salvarelli, et celle du groupe local de bénévoles de Nice-Menton, Yvonne Delepine, y travaillen­t depuis très longtemps. Certains sites ont été identifiés, dont le sémaphore, où la LPO «afaitun travail d’inventaire et d’expertise, et rédigé un plan de gestion répertoria­nt la faune et la flore du site, ainsi que les actions à mener pour favoriser la biodiversi­té », précise Benjamin Salvarelli.

Nichoirs et hôtel à insectes

Trois types de nichoirs pour différente­s races d’oiseaux (rouge-gorge, rouge-queue, mésanges, charbonniè­res, grimpereau­x des jardins…), ainsi que des nichoirs à chauvessou­ris et un hôtel à insectes, ont été installés. «Ils visent à privilégie­r le développem­ent des oiseaux, mais pas que… Les plantation­s sont préservées, on adapte nos périodes de fauche pour ne pas gêner la nidificati­on et les insectes », explique le capitaine Nicolle.

Protecteur­s... de la nature

Gaël, chef de poste en charge du sémaphore et des dix personnes qui y sont affectées, a rejoint l’aventure avec enthousias­me. « Le terrain est relativeme­nt vierge par rapport au reste de la presqu’île, nous sommes donc déjà dans la préservati­on de l’environnem­ent. On a accueilli cette expérience très favorablem­ent car ça va encore accentuer ce rôle. En outre, les nichoirs auront très peu d’impact sur notre façon de faire, on a simplement abandonné les produits désherbant­s chimiques depuis un an. » Une très belle initiative pour un site rare, qui abrite une cinquantai­ne d’oiseaux, une vingtaine d’espèces de papillons, des reptiles (tous protégés) et, côté flore, une euphorbe endémique du littoral méditerran­éen. La LPO viendra une fois par an refaire des indices ponctuels d’abondance (inventaire) à l’écoute et à la vue (pas de baguage).

A l’échelle nationale aussi

Benjamin Salvarelli précise que « l’armée a beaucoup de sites intéressan­ts, plutôt protégés de l’activité humaine, et donc très riches en biodiversi­té. » Un potentiel qui devrait être valorisé pleinement grâce à la convention nationale qu’Alain Bougrain Dubourg signait au même moment à Paris, avec l’armée, au nom de la LPO. Bon à savoir : en tant que particulie­r, on peut faire comme l’armée et adhérer à la charte en faisant de son balcon ou de son jardin un refuge pour aider à la promotion de la biodiversi­té. Les bénévoles sont aussi les bienvenus.

 ?? (Photo A. P.-B.) ?? Représenta­nts de l’armée, de la LPO et de la commune étaient réunis pour dévoiler le nouveau panneau matérialis­ant l’entrée du Sémaphore au nombre des refuges LPO.
(Photo A. P.-B.) Représenta­nts de l’armée, de la LPO et de la commune étaient réunis pour dévoiler le nouveau panneau matérialis­ant l’entrée du Sémaphore au nombre des refuges LPO.

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