Nice : trois ans ferme pour un coup de cutter à la gorge
Interdit de territoire, l’homme a été condamné hier par le tribunal correctionnel pour avoir asséné un coup violent, évoquant « un tranchement de gorge », selon le procureur
Que s’est-il passé le 21 mai devant le bar à chicha La Renaissance, boulevard Pierre-Sola ? Hier, au tribunal correctionnel, la victime, un homme athlétique, large pansement sur la gorge, a affirmé que Mohamed Lakhal, 36 ans, avait tenté de l’égorger. Tout ça pour une banale affaire de chaise refusée au bar. Mohamed Lakhal accuse au contraire la victime d’avoir tenté de lui arracher sa chaîne. Il n’aurait fait que s’emparer d’une lame de cutter traînant par terre pour se défendre. Toujours est-il qu’une course-poursuite s’était engagée, depuis le bar à chicha jusqu’au centre commercial Nice TNL.
Une blessure de sept centimètres
Là, non sans avoir pris quelques coups de sa victime qui perdait beaucoup de sang, l’agresseur avait été maîtrisé par les agents de sécurité du centre. Caméras, témoins, rien n’est vraiment venu confirmer les déclarations du prévenu. La blessure était tellement profonde – elle a nécessité sept points de suture internes, neuf externes – qu’elle est difficilement compatible avec un coup de défense, affirme la partie civile, par la voix de Me Adrien Verrier. Dans le box, Mohamed Lakhal affiche un profil inquiétant. Musculeux, nerveux, parlant seul dans son collier de barbe, regard noir, jurant sur le Coran régulièrement. Il est en situation irrégulière sur le territoire français. «Vous avez fait de la prison en Tunisie », note la présidente, Catherine Bonnici. «Tout le monde a fait de la prison en Tunisie», rétorque le prévenu. Sa propre soeur le décrit comme un homme nerveux, «persuadé que tout le monde lui veut du mal ». Il a tenté de se faire passer pour fou lors de l’expertise psychiatrique. En short blanc aux couleurs de l’OM, polo turquoise, il dément tout: «Je n’ai pas essayé de l’égorger, ce n’est pas vrai. » Me Adrien Verrier s’inquiète: « Cet homme, qui jure sans cesse sur le Coran, passe devant un bar où des hommes se retrouvent alors que c’est le Ramadan… J’ose espérer que son geste n’a rien à voir… Il rappelle pourtant celui de l’égorgement d’un mouton ou le fameux sourire kabyle qu’on peut voir dans certains dossiers… » L’homme a échappé de peu à des poursuites pour tentative de meurtre, mais le dossier a finalement été correctionnalisé. Pourtant, comme le rappelle Me Verrier, « le coup n’est passé qu’à quelques millimètres de la carotide. » Le procureur, Alain Octuvon-Bazile, évoquant un geste de «tranchement de gorge », réclame deux ans de prison avec maintien en détention et dix d’interdiction de séjour en région Paca. À la défense du prévenu, Me Emmanuelle Rovera affirme que son client a été agressé, et non l’inverse. Elle plaide qu’il a juste cherché à se défendre et qu’il a été frappé après le coup de cutter. Le tribunal a finalement alourdi les réquisitions et condamné Mohamed Lakhal à trois ans de prison avec maintien en détention, assortis d’une interdiction de séjour de cinq ans dans la région.