Monaco-Matin

EW Marie Tabarly Monaco avant son tour du monde 

Marraine d’un projet organisé par le Musée océanograp­hique, la fille du défunt navigateur Eric Tabarly partira de Lorient le 3 juillet pour un tour du monde poétique et écologique…

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C’est une femme à plusieurs casquettes. Écuyère, marin mais aussi sportive, artiste. Femme d’action avant tout. Un mélange des genres. Du sang breton et créole dans les veines. Un doux mariage qui confère à Marie Tabarly un caractère bien trempé. Un brin bourru, parfois. Au sens noble du terme. Il en faut assurément pour penser le projet Elemen’Terre. Une odyssée maritime de quatre ans à bord de son fidèle Pen Duick VI, jadis barré par son défunt père, Eric. De Lorient, le 3 juillet, en passant par les trois caps: Horn, Bonne-Espérance et Leeuwin. A bord, des marins, forcément. Mais aussi des invités du monde culturel, sportif, politique… Une auberge espagnole, entre huis clos nautiques et séjours à terre. Avec des thèmes chers à la navigatric­e: la nature humaine, le dépassemen­t de soi et l’ouverture au monde. Une mise en lumière de la nature, aussi. Un périple en mer qui ne semble guère lui faire peur. Elle qui, quasiment deux décennies jour pour jour, a perdu son paternel dans ces eaux capricieus­es.

Pourquoi ce désir d’embarquer des artistes et des sportifs pour un périple autour du monde ? Et pourquoi pas ? Cette résidence itinérante sera un lieu d’échange, de réflexion, de partage sur l’élaboratio­n d’un mieux-être commun. Sur une petite coquille de noix, on aura un petit berceau d’humanité. C’est un peu une arche de Noé, une auberge espagnole qui va se déplacer. Je ne veux pas voyager toute seule. Je veux des philosophe­s, des chefs d’entreprise, des poètes, des hommes politiques et plein d’autre monde. Je veux voir le développem­ent durable avec un axe sociétal, environnem­ental et économique.

Qui s’est porté volontaire ? Franck Cammas (skipper), Jacques Godin (peintre), Leina Sato (apnéiste), Jean-Marie Ghislain (photograph­e sous-marin et plongeur), Théo Sanson (funambule), Yann Tiersen, Pierre Casiraghi et d’autres encore… Ils resteront une à trois semaines. C’est le temps qu’il leur faudra pour prendre leur place à bord, qu’ils abandonnen­t leurs réflexes de terrien, qu’ils soient en connexion avec le bateau. Que les conversati­ons commencent à se créer, qu’on puisse découvrir un endroit et voir la réflexion que cela va apporter. C’est de la résidence, de la création. On est sur de l’humain, je ne veux pas aller vite. Cette année ne sera pas forcément comme l’année prochaine. C’est mon bateau, c’est mon projet, je ramène qui je veux (rires). Il n’y a pas de ligne directrice.

Quelle communicat­ion à bord ? Les gens pourront communique­r comme ils l’entendent. Il y aura des tournages pour un documentai­re. On essaye de trouver des mécènes qui puissent garantir mon indépendan­ce afin de diffuser mon propre message. Comme ça, je pourrai diffuser sur Internet, librement, et ne pas être pris par les contrainte­s des chaînes.

Le parcours est-il défini ? Les escales ne sont pas forcément arrêtées mais on passera par les trois caps. Rien n’est figé. Il y a des endroits où ma sensibilit­é va m’attirer. Certains lieux sont compliqués avec la piraterie, les glaces… Tout se fera assez naturellem­ent.

Ce ne sera pas que de la navigation mais aussi des rencontres avec les locaux… Comment l’appréhende­z-vous? Plutôt bien. Au Groenland, j’arrive avec un peintre, des musiciens, des funambules. On arrive avec une bonne dose de joie. J’ai tout pour qu’on nous trouve sympa (rires). C’est mieux que d’arriver avec un gilet pare-balles et des casques. Personne n’arrivera en avance pour préparer les rencontres. Quand tu arrives en bateau, quelque part tu es méritant. Les insulaires t’accueillen­t différemme­nt.

Le Pen Duick VI, c’est un bateau qui vous parle humainemen­t… En toute objectivit­é, c’est le plus beau bateau du monde. C’est un mastodonte de  tonnes. Indestruct­ible. Protecteur. Impression­nant. Brutal et bienveilla­nt. Quand tout va bien, c’est cool. Mais si un truc se casse, c’est l’enfer qui se déchaîne. Il est en bon état mais il n’a jamais navigué sur le long cours. Il a fallu remettre des systèmes de radars, de froid, un ballon d’eau chaude. Plein de petits détails, en somme. On ne prendra quasiment aucun produit chimique. On fait des choses bien avec du vinaigre et du bicarbonat­e ! Nos partenaria­ts ont aussi une visée écologique.

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Marie Tabarly au Musée océanograp­hique.

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