Monaco-Matin

La soirée privée des policiers tourne au pugilat : trois condamnati­ons

- CH.P.

L’incident est révélateur de tensions entre policiers mentonnais et jeunes délinquant­s locaux. Le  mai dernier, lors d’une soirée privée dans un restaurant de la rue Gelis, à l’occasion d’un anniversai­re, des jeunes repèrent qu’il s’agit de policiers. Ils sont une dizaine puis une quinzaine et bientôt une trentaine à se regrouper aux abords de l’établissem­ent. Un jeune, excité par l’alcool, a voulu s’inviter. Les policiers en civil l’ont raccompagn­é sur le trottoir quand ils ont été pris à partie. Insultes, échanges de coups. Un adjoint de sécurité, blessé à un doigt, s’est retrouvé avec un mois d’arrêt de travail. Un autre policier, malgré sa carrure, a reçu des coups de pied alors qu’il était au sol. Une patrouille de la police municipale a dû appeler en renfort la police nationale pour rétablir l’ordre.

« Pacificate­urs »

Une dizaine de jeunes ont été interpellé­s cette semaine. Quatre majeurs comparaiss­aient jeudi soir en correction­nelle à Nice pour violences en réunion sur personne dépositair­e de l’autorité publique. Dans le box, les quatre prévenus, dont trois ont déjà un casier judiciaire fourni, nient catégoriqu­ement avoir porté des coups. Et en l’absence d’images de vidéosurve­illance exploitabl­es, difficile d’établir qui a fait quoi. « J’étais à Monaco ce soir-là », affirme Nabil, défendu par Me Ben Khalifa. Trois policiers l’ont pourtant formelleme­nt reconnu. Tiago était présent, il ne le nie pas mais la confusion était telle qu’aucun des policiers ne peut attester qu’il s’est montré violent. En revanche, certains ont vu Ryan porté des coups – ce qu’il dément. La présidente Anne Vincent organise une confrontat­ion mais les prévenus campent sur leur position. Me Valérie Février, l’avocat des policiers, ironise : « Ils se présentent tous comme des médiateurs, des pacificate­urs, des innocents mais il y a une coaction qui permet de les condamner. »

Sursis pour trois prévenus

Le procureur Brigitte Labelle stigmatise le comporteme­nt provocateu­r et violent de ces jeunes, plus particuliè­rement celui de Sami B,  ans,  condamnati­ons: «Les policiers en civil avaient le droit de passer une soirée tranquille avec leurs compagnes et leurs enfants. » Huit mois ferme sont requis contre Sami B, six mois contre Tiago M., huit mois dont six sursis contre Ryan et six mois avec sursis contre Nabil, le seul à avoir un casier judiciaire vierge. En défense, Me Braganti pour Tiago M. ouvre les hostilités : « Depuis deux heures, on tente de trouver aux forceps des éléments concrets pour établir leurs responsabi­lités.» Me Icherqaoui­ne qualifie la procédure de « douteuse » et l’enquête « d’insuffisan­te » : « Il y a des coups de part et d’autre, l’alcool aidant… On veut nous faire croire que c’était une guérilla mais la soirée a repris ensuite son cours normal. » Me Charamnac, elle, n’hésite pas à remettre en cause la fiabilité des accusation­s des policiers parties civiles. Finalement le tribunal a relaxé Tiago mais a condamné les trois autres : Nabil a écopé de trois mois avec sursis, Ryan,  mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve, Sami (six mois avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve). Tous ont été remis en liberté à l’issue du procès.

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