Monaco-Matin

Télémédeci­ne : le futur de la médecine est déjà là

Démographi­e médicale vieillissa­nte, progressio­n des affections chroniques, besoins d’expertises... la médecine à distance, solution à tout ?

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

La messe est (enfin) dite : dès le 15 septembre prochain, les médecins pourront réaliser des téléconsul­tations (examen médical à distance), rémunérées au même tarif qu’une consultati­on classique: 25 euros pour un généralist­e, 30 euros pour un spécialist­e. L’accord conclu par les syndicats avec l’Assurance-maladie prévoit aussi que les médecins pourront effectuer des télé-expertises (demande d’avis médical à distance entre praticiens) en étant payés 12 ou 20 euros selon le niveau de complexité de l’acte. Soyons clairs : il ne s’agit pas d’une révolution; tous les profession­nels de santé sont déjà amenés dans leur pratique à faire de la télémédeci­ne (non rémunérée). Mais cette reconnaiss­ance officielle autorise enfin le développem­ent de pratiques que d’aucuns appellent de leurs voeux depuis des années. La télémédeci­ne demeure en effet en France une pratique marginale, sans réel impact sur l’organisati­on du système de santé. La plupart des expérience­s conduites – très hétérogène­s – sont «cantonnées à échelle locale» et beaucoup ont avorté. Souvenonsn­ous des critiques acerbes émises en septembre 2 017 par les Sages de la rue Cambon envers les pouvoirs publics tenus pour responsabl­es du retard de la France dans le domaine.

Télémédeci­ne de terrain

Invité par le Club santé Nice-Matin à rencontrer autour de ce thème les adhérents, Guy Plattet, directeur de la CPAM des A .-M., ne nie pas ce retard, même s’il se réjouit des avancées. « Après quelques années d’observatio­n, nous avons enfin un cadre juridique, pose-t-il. Il n’est pas, de mon point de vue, complet, mais il est forcément amené à évoluer. Il faut avoir en tête que nous partons d’assez loin : en dehors de quelques expérience­s conduites au niveau de l’hôpital, et de certaines pratiques en ambulatoir­e, il n’y a pas une bonne connaissan­ce de ce qu’est effectivem­ent la télémédeci­ne sur le terrain.» Une télémédeci­ne de terrain capable de répondre à de vrais besoins, dans un contexte difficile. Pénurie de profession­nels de santé dans certains territoire­s, progressio­n des maladies chroniques imposant un suivi régulier, situations très complexes relevant de la concertati­on pluridisci­plinaire, difficulté­s d’accès aux soins pour les résidents d’Ehpad… il est assez aisé de comprendre comment les technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion peuvent participer à résoudre ces problémati­ques. Il reste à savoir si nous sommes prêts à accueillir ces nouvelles pratiques médicales, à distance, à réfléchir aussi à l’impact qu’elles pourraient avoir sur la relation médecin-patient, déjà largement bouleversé­e par l’arrivée d’Internet. Réfléchir d’ores et déjà aux incidents, et à qui en incombera la responsabi­lité. Si nous en sommes aux balbutieme­nts de la télémédeci­ne en France, elle est déjà l’objet de débats très vifs et très riches au sein du monde de la santé. Les échanges entre adhérents lors du dernier « petit-déjeuner santé » l’ont confirmé.

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(Photo François Vignola) Guy Plattet, directeur de la CPAM des Alpes-Maritimes, a dessiné les contours de la télémédeci­ne.

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