Monaco-Matin

Poutine champion du monde

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Personne ne sait encore, évidemment, l’équipe qui sera sacrée championne à la fin de ce Mondial qui réserve déjà des surprises, une chose est sûre : c’est que le vainqueur est déjà connu. Il s’appelle Vladimir Poutine. Le G, devenu G depuis, l’a exclu de ses réunions internatio­nales. Les dirigeants européens lui infligent depuis  de lourdes sanctions après l’annexion de la Crimée par la Russie. Après l’empoisonne­ment d’un ancien agent double et de sa fille sur leur sol, les autorités anglaises ont fait savoir qu’aucun ministre ne posera un pied en Russie, même pas pour voir jouer les siens. Et pourtant, en soutenant la Syrie de Bachar al-Assad contre les islamistes, et en parvenant à maintenir son Président à la tête du pays, le chef de l’Etat russe est devenu tout simplement incontourn­able au Moyen-Orient. Aujourd’hui, il lui est difficile de cacher une immense satisfacti­on. Car Vladimir Poutine peut démontrer au monde entier que pour l’organisati­on de cette e édition de la Coupe du monde, il a été capable de mettre sur la table  milliards d’euros, d’accueillir en Russie plus de   visiteurs étrangers, en donnant de son pays une image renouvelée. Il y a fait faire et surveillé luimême des travaux gigantesqu­es, au moment où il était de bon ton de dire que la Russie allait sombrer dans la dépression : infrastruc­tures, aéroports, hôtels, stades flambant neufs. Il s’agit du plus grand tournoi jamais organisé dans l’exUnion soviétique. C’est une éclatante démonstrat­ion de bonne santé là où le monde entier attendait un pays très affaibli. Vladimir Poutine a désormais trois armes pour démontrer qu’il continue de jouer, et en bonne position, dans la cour des grands. L’arme économique d’abord. Certes il n’a pas la puissance des États-Unis ou de la Chine, mais il montre que la Russie reste la Russie et qu’il faut compter avec elle. L’arme militaire et diplomatiq­ue ensuite, tel qu’il en a donné la preuve au Moyen-Orient ces derniers mois. Il y ajoute aujourd’hui l’arme sportive. Le football n’est pas le sport le plus populaire à Moscou. L’équipe nationale est souvent chez les Russes eux-mêmes objet de dérision. Qu’importe : en ouvrant ses portes aux sportifs de tous les pays, Poutine joue le dernier tsar de l’éternelle Russie.

«Vladimir Poutine joue le dernier tsar de l’éternelle Russie. »

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