Monaco-Matin

Le désir est-il la marque de notre imperfecti­on ?

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Commentila­borde lesujet

« Cette question met en tension la présence du désir, qui semble évidente dans la dimension humaine, et l’imperfecti­on, dans un sens à la fois moral et disons, anthropolo­gique, concernant la nature humaine. Le désir n’est-il pas l’indice que nous ne sommes pas totalement adaptés à un environnem­ent général ? A contrario, l’animal n’est-il pas parfait du fait de son manque de désir ? Lui ressent des besoins et possède l’appareilla­ge instinctif lui permettant de les satisfaire, alors que le désir est davantage irrationne­l. Il porte toujours bien au-delà de la sphère du besoin et rebondit d’objet en objet, sans jamais cesser de se renouveler. Dès lors, n’est-ce pas la marque d’une imperfecti­on ou, du moins, d’une insatisfac­tion permanente ? »

Un philosophe qui l’a traité

« Schopenhau­er est le grand penseur du désir comme condition du malheur. Le désir est ce sentiment personnel d’une volonté totalement impersonne­lle, anonyme, qui ne cesse de nous porter vers des buts que l’on ne pourra jamais atteindre... Voilà pourquoi Schopenhau­er présente l’Homme comme un pendule oscillant entre l’ennui (d’avoir ce que nous désirons) et la souffrance (de ne pas l’avoir). Mais il y a pire que le désir : son absence ou la disparitio­n de ses objets... “Malheur à qui n’a plus rien à désirer”, nous avertit Rousseau ! »

Un lien avec notre société

« Toutes les questions de philosophi­e sont à la fois très actuelles et intemporel­les - Nietzsche parlait de considérat­ions “intempesti­ves”. Platon aussi a été un grand penseur du désir. Le mythe de sa naissance, qu’il nous propose dans Le Banquet insiste sur le rapport, paradoxal, mais très humain, entre le désir et le manque. Eros, le désir, est fils de Penia (une mortelle qui n’a rien) et de Poros (un dieu qui a tout). Par son hérédité Eros a ainsi cette double caractéris­tique de tout vouloir posséder et de tout perdre au moment où il le possède, passant ainsi sa vie en quête de ce qu’il ne possède pas. Toute la critique de la société de consommati­on est contenue dans ce mythe. »

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