Monaco-Matin

La Casa de Papel en or

CLÔTURE DU FESTIVAL TV DE MONTE-CARLO

- PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

On a bien cru qu’on ne verrait jamais Pedro Alonso. Que la police aux frontières, alertées par le casier judiciaire de son personnage psychotiqu­e (Berlin) dans la série la Casa de Papel ,le menotterai­t à peine le pied posé sur le tarmac de l’aéroport de Nice. Finalement, Berlin était bien à Monaco, hier, pour recevoir la Nymphe d’Or de la « meilleure série TV dramatique » de l’année. Plus tôt, il nous a confié adorer Cannes, Saint-Tropez, Monaco et particuliè­rement « la lumière » méditerran­éenne. «J’ai l’impression de vivre dans un film des années dorées d’Hollywood. » La veille de cet entretien, nous avions demandé aux « parents » de la série à succès de Netflix (lire cidessous) si le luxe monégasque n’était pas un appel au braquage. Hilare, son créateur, Álex Pina, avait concédé que c’était «un plan sur-mesure » pour Berlin. Alors on a posé la question à son interprète, Pedro Alonso… « Berlin est un personnage très perspicace et des fois on peut penser à sa façon, ce sont un peu des “Berlinades”. Je détecte parfois des gens qui pourraient s’associer à Berlin pour faire de choses un peu folles. J’imagine bien Berlin entrer dans ces belles maisons à Monaco et créer du chaos un peu partout (rires). »

Berlin est aussi psychopath­e qu’attachant. C’est ce qui vous a plu à la lecture du scénario ? Au niveau de la dramaturgi­e, sans me prendre trop au sérieux, je peux dire que c’est l’un des personnage­s les plus intéressan­ts de ces dernières années. Au même titre que celui de Bryan Cranston dans Breaking Bad ou encore le « Joker » de Batman… Berlin est un personnage avec une ambivalenc­e morale incroyable. Plus il a l’air fou, plus il est attachant. C’est quelqu’un qui s’aventure sur tous les terrains interdits d’une façon très authentiqu­e. Il n’est peut-être pas très recommanda­ble, c’est sûr, mais il donne un sens à la vie très puissant.

Et parvient même à faire rire… Exactement ! Il a un sens de l’humour qui fait que lors des moments les plus difficiles il trouve toujours une échappatoi­re. Ça lui donne une touche de douceur. Il rend acceptable ce qui aurait pu être insupporta­ble. Un huis clos s’instaure très vite dans la Casa de Papel, créant des tensions et forçant la plupart des personnage­s à réagir de manière presque «animale». Pas Berlin, qui reste calme et dont la carapace s’effrite doucement, tout en subtilité… Berlin ne ressent pas de plaisir à voler de l’argent, il aime sonder la personnali­té des gens. En fait, c’est lui l’animal. Quand le huis clos débute, il se dit : “Tiens,

maintenant je vais tous vous faire danser !” (rires) C’est là le ressort, sa motivation : plus il y a de chaos, plus il respire, plus il est inspiré par ce que les gens lui montrent. Il adore ça !

À la lecture du scénario, qu’avezvous pensé de sa relation avec les otages? Sachant que Berlin va jusqu’à violer l’une d’entre eux… C’est un personnage qui abuse des autres. Il invite les gens à jouer, d’abord librement, puis il impose ses contrainte­s. Ce qui aurait pu être un art, celui de révéler la vraie personnali­té des gens, devient quelque chose de pervers. Voilà la tragédie de Berlin. Pour atteindre la sensibilit­é de l’autre, il fait appel à son côté obscur. On est tous contraints par des codes et Berlin rompt avec les règles établies pour prendre le pouvoir. Il fait ce qu’il veut. Quand j’étais petit, je jouais aux fléchettes et j’étais vraiment nul. Le jour où j’ai été au stand de tir avec un vrai pistolet de la police, je me suis concentré et je n’ai pas manqué la cible ! Incroyable ! Je me suis dit que je ne toucherai plus jamais une arme de ma vie ! (rires)

Pouvez-vous nous dire où sont passés tous ces billets utilisés lors du tournage ? Je te le dis après (clin d’oeil). On va couper la caméra d’abord…

Ce rôle vous a-t-il ouvert des portes ? Il y a des choses qui se passent en ce moment. Je reçois beaucoup d’appels téléphoniq­ues.

En coulisses, on parle d’un grand réalisateu­r espagnol qui vous aurait contacté ? Je devais faire un film en Espagne mais plutôt que de dire oui, j’ai dit non. J’essaye de prendre un peu de recul, j’essaye de mettre à profit cette année et demie pour faire moins et d’une façon plus sélective. Je fais de la peinture, je fais de l’écriture aussi. En fait, c’est trop tôt pour dire si cette série m’a ouvert des portes. Mais dans deux ans je répondrai à ta question.

Je ne toucherai plus jamais une arme ”

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 ?? (Photos Jean-François Ottonello) ?? Le poing rageur de la victoire pour Pedro Alonso, alias Berlin. Est-ce vrai que pour le rôle vous avez appris à tirer à balles réelles avec la police ?
(Photos Jean-François Ottonello) Le poing rageur de la victoire pour Pedro Alonso, alias Berlin. Est-ce vrai que pour le rôle vous avez appris à tirer à balles réelles avec la police ?

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