-Juillet : « L’Etat n’oublie pas les victimes »
Élisabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, évoque le suivi post-attentat, à l’occasion des assises de France Victimes à Nice
C’est important d’être reconnu comme victime, de le savoir... et de tout faire pour ne plus l’être.» Paroles poignantes, lors du film projeté au Centre universitaire méditerranéen, hier, aux 32e assises de France Victimes. Deux jours durant, ce réseau qui regroupe plus de 130 associations se réunit à Nice, au 65 promenade des Anglais, à l’endroit même où se mit en place l’accueil des victimes, au soir de l’attentat du 14-Juillet. Les associations Montjoye et Harjès y ont accueilli hier Élisabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, attendue sur la délicate question de l’accompagnement des victimes. Entretien, en attendant la venue ce matin de la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.
Ces assises de France Victimes à Nice, sur la promenade des Anglais, c’est un symbole fort ? C’est un symbole très fort ! Ces
assises de France Victimes sont très importantes, car le thème choisi est le retour d’expérience sur les événements collectifs traumatiques : l’ouragan Irma, le crash de la Germanwings, l’accident de Brétigny ou de Millas... Or l’attentat de Nice est, par excellence, l’événement qui mérite que l’on tire des retours d’expérience. Et les associations d’aides aux victimes, telles que France Victimes, ont un rôle majeur à jouer aux côtés de l’État et des collectivités territoriales.
Près de deux ans après l’attentat de Nice, où en est le suivi des victimes par l’Etat ? Des comités locaux de suivi ont été mis en place après le Juillet. Ils se réunissent environ chaque trimestre. Tous les représentants des victimes dans le département y participent, pour évoquer à la fois les aspects psychologiques, financiers, juridiques, de l’emploi ou du logement. On voit bien que l’accompagnement des victimes dans la durée est essentiel. Au fil du temps, les besoins peuvent être différents. Aujourd’hui, la dimension du retour à l’emploi est ainsi très importante.
Combien de personnes sont suivies dans l’après- Juillet ? Plus de demandes ont été adressées au fonds de garantie des victimes du terrorisme. demandes l’ont encore été début . C’est un nombre de victimes très important, qui peut fluctuer dans le temps et augmente à la faveur de certains événements. On sait ainsi que, lorsque le procès aura lieu, de nouvelles victimes vont se manifester...
L’indemnisation de nombreuses victimes est loin d’être effective ? De nombreux dossiers restent ouverts car, pour pouvoir verser l’indemnisation définitive, il faut d’abord que la personne soit complètement stabilisée. Or, de nombreuses victimes présentent encore des séquelles. Mais le fonds de garantie a déjà versé millions d’euros aux victimes à titre de provision. La dimension de l’indemnisation est importante et prise très au sérieux !
Au-delà de s’appuyer sur les associations, l’État n’a-t-il pas tendance à se défausser sur elles, notamment sur l’aide à l’emploi ? La délégation interministérielle ne s’est pas défaussée, puisque le volet « retour vers l’emploi » est l’un des axes majeurs du plan que nous avons adopté. Nous avons signé une convention avec Pôle emploi pour permettre aux victimes du terrorisme d’avoir, dans chaque département, un référent territorial formé à l’écoute et à l’accueil des victimes. Concernant l’accompagnement psychologique, un appel à projets va être lancé pour la création d’un centre national de ressources et de résilience, qui ouvrira quelque part en France à l’automne .
Le député Éric Ciotti a regretté la disparition du secrétariat d’État, il y a un an déjà. N’est-il pas plus compliqué de porter la parole des victimes depuis ? Les victimes et associations de victimes savent qu’elles ont en moi une interlocutrice entièrement dédiée, et une équipe interministérielle dont la mission est uniquement de travailler à l’amélioration de leur accompagnement. Elles savent qu’elles ne sont pas oubliées.
Qui représentera l’État aux commémorations du -Juillet ? Le président de la République ? Je ne peux pas me prononcer sur son calendrier. En tout cas, moi, je serai présente.