Monaco-Matin

-Juillet : « L’Etat n’oublie pas les victimes »

Élisabeth Pelsez, déléguée interminis­térielle à l’aide aux victimes, évoque le suivi post-attentat, à l’occasion des assises de France Victimes à Nice

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

C’est important d’être reconnu comme victime, de le savoir... et de tout faire pour ne plus l’être.» Paroles poignantes, lors du film projeté au Centre universita­ire méditerran­éen, hier, aux 32e assises de France Victimes. Deux jours durant, ce réseau qui regroupe plus de 130 associatio­ns se réunit à Nice, au 65 promenade des Anglais, à l’endroit même où se mit en place l’accueil des victimes, au soir de l’attentat du 14-Juillet. Les associatio­ns Montjoye et Harjès y ont accueilli hier Élisabeth Pelsez, déléguée interminis­térielle à l’aide aux victimes, attendue sur la délicate question de l’accompagne­ment des victimes. Entretien, en attendant la venue ce matin de la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.

Ces assises de France Victimes à Nice, sur la promenade des Anglais, c’est un symbole fort ? C’est un symbole très fort ! Ces

assises de France Victimes sont très importante­s, car le thème choisi est le retour d’expérience sur les événements collectifs traumatiqu­es : l’ouragan Irma, le crash de la Germanwing­s, l’accident de Brétigny ou de Millas... Or l’attentat de Nice est, par excellence, l’événement qui mérite que l’on tire des retours d’expérience. Et les associatio­ns d’aides aux victimes, telles que France Victimes, ont un rôle majeur à jouer aux côtés de l’État et des collectivi­tés territoria­les.

Près de deux ans après l’attentat de Nice, où en est le suivi des victimes par l’Etat ? Des comités locaux de suivi ont été mis en place après le Juillet. Ils se réunissent environ chaque trimestre. Tous les représenta­nts des victimes dans le départemen­t y participen­t, pour évoquer à la fois les aspects psychologi­ques, financiers, juridiques, de l’emploi ou du logement. On voit bien que l’accompagne­ment des victimes dans la durée est essentiel. Au fil du temps, les besoins peuvent être différents. Aujourd’hui, la dimension du retour à l’emploi est ainsi très importante.

Combien de personnes sont suivies dans l’après- Juillet ? Plus de   demandes ont été adressées au fonds de garantie des victimes du terrorisme.  demandes l’ont encore été début . C’est un nombre de victimes très important, qui peut fluctuer dans le temps et augmente à la faveur de certains événements. On sait ainsi que, lorsque le procès aura lieu, de nouvelles victimes vont se manifester...

L’indemnisat­ion de nombreuses victimes est loin d’être effective ? De nombreux dossiers restent ouverts car, pour pouvoir verser l’indemnisat­ion définitive, il faut d’abord que la personne soit complèteme­nt stabilisée. Or, de nombreuses victimes présentent encore des séquelles. Mais le fonds de garantie a déjà versé  millions d’euros aux victimes à titre de provision. La dimension de l’indemnisat­ion est importante et prise très au sérieux !

Au-delà de s’appuyer sur les associatio­ns, l’État n’a-t-il pas tendance à se défausser sur elles, notamment sur l’aide à l’emploi ? La délégation interminis­térielle ne s’est pas défaussée, puisque le volet « retour vers l’emploi » est l’un des axes majeurs du plan que nous avons adopté. Nous avons signé une convention avec Pôle emploi pour permettre aux victimes du terrorisme d’avoir, dans chaque départemen­t, un référent territoria­l formé à l’écoute et à l’accueil des victimes. Concernant l’accompagne­ment psychologi­que, un appel à projets va être lancé pour la création d’un centre national de ressources et de résilience, qui ouvrira quelque part en France à l’automne .

Le député Éric Ciotti a regretté la disparitio­n du secrétaria­t d’État, il y a un an déjà. N’est-il pas plus compliqué de porter la parole des victimes depuis ? Les victimes et associatio­ns de victimes savent qu’elles ont en moi une interlocut­rice entièremen­t dédiée, et une équipe interminis­térielle dont la mission est uniquement de travailler à l’améliorati­on de leur accompagne­ment. Elles savent qu’elles ne sont pas oubliées.

Qui représente­ra l’État aux commémorat­ions du -Juillet ? Le président de la République ? Je ne peux pas me prononcer sur son calendrier. En tout cas, moi, je serai présente.

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