Monaco-Matin

Le SDF volait des vélos à Monaco pour pouvoir manger

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Quand il comparaît, lundi, menotté, devant le tribunal correction­nel, ce FrancoMaro­cain de 26 ans expose les difficulté­s de sa vie. Sans famille, sans profession ni domicile fixe, il a pour unique revenu une pension d’invalidité de 800 Alors, il vole… En Principaut­é, il a déjà volé trois vélos, avant de les monnayer par l’intermédia­ire de connaissan­ces. Ce sera de l’argent en plus afin de mettre un bout de gras dans la marmite.

« Huit mois que je suis à la rue»

À l’audience de flagrance, le prévenu essaie de cacher cette misère qui l’a réduit à vivre d’aumône et de rapines. S’il a choisi la formule « à la belle étoile», c’est à cause du maigre subside reçu. Cela ne suffit pas à sa survie. Au fur et à mesure que le prévenu confesse son dénuement, une chape de compassion descend sur le prétoire. Le prévenu reconnaît les faits. Tous les faits reprochés. Quand le président Florestan Bellinzona interroge le sans-abri sur la soirée du 15 juin dernier, il ne craint Le prévenu a volé trois vélos pour les revendre.

pas la réprobatio­n. Il écoute. «Devant son écran branché sur le système de vidéosurve­illance, le gardien du parking Saint-Laurent a remarqué que vous vous attaquiez au système d’attache reliant deux vélos électrique­s. Il a aussitôt alerté la Sûreté

publique. Quand il vient vers vous, vous discutez quelques instants puis vous partez. Les policiers vous retrouvent vers 1 heure au niveau de la bretelle de l’immeuble Le Sardanapal­e. Ils feront vite le rapprochem­ent avec deux autres vols de cycles (Photo Cyril Dodergny)

signalés les 29 mars et 11 avril derniers par des dépôts de plaintes… » Le prévenu s’excuse. «Je ne pouvais pas faire autrement pour manger. Cela fait huit mois que je suis à la rue. C’est vrai : ce n’est pas la première fois que j’en vole… Je ne recommence­rai plus. C’est fini… » Un plaignant présent réclamera toutefois le prix de son vélo volé : 2300

« Seconde chance… »

Sensibilis­ée par la condition de cet homme affamé, le premier substitut Cyrielle Colle évoque sa situation particuliè­rement difficile dans ses réquisitio­ns. « Sa comparutio­n est là pour mettre un coup d’arrêt. L’incarcérer pour aggraver sa situation ? La possibilit­é de retrouver un emploi? Une peine de vingt et un jours doit être assortie du sursis ou bien fractionné­e. » La défense demandera aux juges de se comporter en « bons Samaritain­s ». «Mon client assume ses erreurs, lance Me Clyde Billaud, afin de combattre l’iniquité. Incarcéré depuis vendredi, il a compris le message. Favorisez le sursis! Car en Principaut­é, on sait aussi accorder une seconde chance… » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public pour le sursis et octroiera la somme de 2 300 la partie civile.

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