Bosio, favori des têtes couronnées
Jusqu’au 14 octobre, une exposition au Palais est consacrée au sculpteur monégasque François-Joseph Bosio, disparu en 1845
Une exposition dans les murs du Palais princier. Pour François-Joseph Bosio, c’est un peu un retour aux sources posthume. Lui, le Monégasque, né en 1768 d’une famille originaire de Roquebrune-Cap-Martin. Lui, le sculpteur émérite, élève de l’illustre Augustin Pajou, dont la solide carrière s’est amorcée en Principauté, bien aidée par le mécénat éclairé du prince Honoré III. «Les archives comptables montrent que son frère, d’abord, puis lui ont reçu une bourse pendant trois ans. Un montant d’une livre par jour qui a pu monter jusqu’à 41 livres par mois. C’était une pratique culturelle que tous les grands souverains européens avaient», expliquent Thomas Fouilleron et Thomas Blanchy, des archives et de la bibliothèque du Palais. Près des documents exposés en vitrine – et marqués par les affres du temps – plusieurs bustes parsèment la salle d’exposition. Des têtes connues, forcément. L’impératrice Joséphine, Napoléon Ier, l’impératrice Marie-Louise, Jérôme Bonaparte, la reine Hortense… Mais, curieusement, point de têtes couronnées locales.
Introduction auprès de la cour impériale
Une époque dorée pour Bosio, au début des années 1800 – après deux décennies de mystère et de flou sur sa localisation – où il tire profit des connexions du puissant directeur du musée Napoléon (actuel musée du Louvre), Dominique Vivant Denon. «La stratégie de Bosio, c’est qu’il va sculpter le portrait de Denon, il va le rendre aimable alors qu’il possède un physique ingrat. Il va le rendre spirituel. Denon va être flatté et va l’introduire auprès de l’impératrice Joséphine», raconte Stéphanie Deschamps-Tan, conservatrice au musée du Louvre. L’impératrice le choisit alors pour ériger son buste officiel. «Il sculpte des bustes coupés sous la poitrine. C’est du néo-classicisme séduisant avec des détails décoratifs. Il parvient toujours à faire ressortir la personnalité de l’intéressé tout en l’idéalisant. Il y a aussi du naturel.» Une marque de fabrique qui ne laisse guère insensible les dignitaires de la cour impériale. Sa carrière est lancée, si bien que, parfois, le Monégasque s’offrira même le luxe de refuser des commandes.
« Un grand sculpteur de son époque»
Mais François-Joseph Bosio ne se cantonne pas à tirer le portrait des plus grands de son temps. Il traite aussi des sujets mythologiques ou allégoriques. Dans un style qui fait la part belle à l’imitation de l’antique. Bosio s’attire ainsi la reconnaissance des critiques d’art et des commandes de l’État pour ces délicates figures juvéniles, à l’instar d’Hyacinthe et La nymphe Salmacis que l’on retrouve dans une seconde salle du Palais. «Dans ces sculptures, il y a quelque chose de sensuel. De tactile. De charnel. Avec un souci du détail. Reconnu comme un artiste à part entière, il veut être un grand sculpteur de son époque», développe la conservatrice du musée parisien. (Photos Jean-François Ottonello) L’apogée de sa carrière interviendra sous la Restauration et la dynastie des Bourbons. D’abord sous Louis XVIII puis sous Charles X. Monument à Louis XVI, statue équestre de Louis XIV pour la place des Victoires, couronnement de l’arc du Carrousel… Deux commandes pour lesquelles il sera nommé Premier sculpteur du Roi, puis baron. Lancé par un prince. Adulé par les rois. La boucle est bouclée pour Bosio qui s’éteindra en 1845, non sans une dernière collaboration avec Louis-Philippe, roi des Français. Savoir + Exposition sur François-Joseph Bosio, sculpteur monégasque, jusqu’au dimanche 14 octobre au Palais princier dans le cadre de la visite des Grands Appartements. Organisée par les Archives du Palais en collaboration avec le Nouveau musée national de Monaco. Rens. +377.93.25.18.31.ou visites@palais.mc