“Coffee shop”: va-t-on leur couper l’herbe sous le pied ?
Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a annoncé vouloir faire fermer ces établissements qui vendent des dérivés de cannabis. Plusieurs existent déjà dans les Alpes-Maritimes
Tisanes, sucettes, miel, e-liquide, gélules, huiles, cosmétiques. Avec une particularité. Et pas des moindres. Ces produits contiennent tous du... cannabis. Ou plutôt un dérivé. Tout est une question de dosage. Dans le département, plusieurs boutiques ont déjà ouvert. Et en très peu de temps. Plusieurs à Antibes, Mandelieu. Et à la fin du mois, il y en aura une nouvelle à Nice. En France, selon un professionnel du secteur, 300 « coffee shops » ont vu le jour en à peine plus d’un mois. Des ouvertures rendues possibles à cause d’une ambiguïté de la loi française qui encadre la consommation de cannabidiol : le CBD, ou cannabis ultra-light. Une substance ni vraiment interdite. Ni vraiment autorisée, [lire par ailleurs].
« Qu’ils s’attaquent aux supermarchés de la drogue »
« Ici, on est dans le récréatif. Pas dans l’incitation et on ne délivre aucun message médical. On est davantage dans le paramédical », assure le gérant de l’une des boutiques azuréennes. Tout ce qu’il vend est « légal », jure-t-il, soufflant : « Mais il y a un flou juridique en France ». Il sait que bientôt la ministre de la Santé va peut-être sonner le glas de ce type de boutiques. Ça l’exaspère : « Au lieu de s’acharner sur nous qu’ils s’attaquent aux supermarchés de la drogue ! » Comprendre, la vraie, celle qui « gangrène les quartiers ». Devant ses vitrines, où sont disposés les produits à base de CBD, il affirme savoir pourquoi l’État va s’attaquer à son type de commerces : « Les lobbys pharmaceutiques. » « J’ai des personnes âgées qui boivent ma tisane le soir et qui ne prennent plus de médicament pour dormir. J’ai des accidentés de la route qui ont diminué de moitié leur consommation de morphine », argumente-t-il. En insistant : « Je ne fais aucun discours médical, je vous livre juste le témoignage de mes clients ». Dans son coffee shop, le quadragénaire explique que tous les produits sont traçables. Et la quasi-totalité de son stock vient de Suisse. Avec cette règle d’or : « Pas de vente aux mineurs. » Dans ses vitrines, c’est zéro THC ou alors moins de 0,2 %. Et sous les 2 % pour le cannabidiol. Ce gérant est d’accord pour réguler la profession. Mais il souhaite que ce soit « enfin clair ».
Traçabilité « douteuse »
« Si on nous montre du doigt en ce moment, c’est qu’il y a eu une multiplication des ouvertures en très peu de temps. Et de nombreuses boutiques font n’importe quoi, et ça nous fait du tort. » Même certains bureaux de tabac s’y mettent. « Certains vendent des produits à base de CBD » ,se désole un commerçant du secteur. « Parfois même en face d’établissements scolaires. » Avec des produits à la traçabilité « douteuse », assure-t-il. « En provenance de Tchéquie par exemple ».