Monaco-Matin

Le destin volé des petits orphelins français

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

« L’affaire serait close si Madame Lamare n’avait dit tout haut ce qui se pratique tout bas »

Non, Madame Lamare, vous n’avez pas le droit de déclarer que les enfants beaux, sains et en bonne santé sont réservés aux couples hétérosexu­els, que la seule option, dans votre départemen­t de Seine-Maritime, pour deux hommes ou deux femmes partageant la folle envie d’avoir un gosse, est d’adopter l’un de ces orphelins « dont personne ne veut » .Vos propos sont insupporta­bles, d’autant plus que vous les tenez en qualité de responsabl­e du service adoption de votre départemen­t, et il est logique que le président du conseil départemen­tal, Pascal Martin (UDI), vous relève de vos fonctions, au nom de « l’intérêt supérieur de l’enfant »etdu refus de « toute forme de discrimina­tion ». (voir ci-dessous) L’affaire serait close si Madame Lamare n’avait dit tout haut ce qui se pratique tout bas tant au nord qu’au sud de la Loire. Pour les couples de gays ou de lesbiennes, le parcours administra­tif sur la voie de l’adoption n’est pas un parcours du combattant. C’est une impasse qui ne dit pas son nom. Christiane Taubira leur avait pourtant taillé une loi sur mesure en . Le mariage entre personnes de même sexe était autorisé. L’article  du texte les plaçait sur la même ligne de départ que les hétéros candidats à l’adoption, gérée en France par l’aide sociale à l’enfance. Cinq ans après, « le constat est amer » estime l’associatio­n des parents et futurs parents gays et lesbiens qui se plaint de « pressions au cours de leurs parcours de demande d’agrément », «bien loin de l’esprit de la loi ». Une autre associatio­n, celle des familles homoparent­ales ajoute que l’incident normand n’est pas un cas isolé. Le mois dernier, en Meurthe-et-Moselle, le président du conseil de famille, une instance charnière dans la prise de décision, « avait déclaré publiqueme­nt privilégie­r les couples hétéros ». Puisque le Parlement a décidé et que les lois de la République s’appliquent à tous, il n’est pas normal que dans tout le pays, des madame Lamare, trop bavardes ou plus discrètes, se substituen­t au législateu­r au nom de leurs propres valeurs. D’où l’importance des déclaratio­ns, hier, des deux secrétaire­s d’État, Olivier Dussopt et Marlène Schiappa pour qui « aucune discrimina­tion ne saurait être tolérée». Un destin, on n’en a qu’un. C’est trop précieux pour s’en laisser déposséder sans que l’État rappelle quelle est la règle et quel est le droit.

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