Le destin volé des petits orphelins français
« L’affaire serait close si Madame Lamare n’avait dit tout haut ce qui se pratique tout bas »
Non, Madame Lamare, vous n’avez pas le droit de déclarer que les enfants beaux, sains et en bonne santé sont réservés aux couples hétérosexuels, que la seule option, dans votre département de Seine-Maritime, pour deux hommes ou deux femmes partageant la folle envie d’avoir un gosse, est d’adopter l’un de ces orphelins « dont personne ne veut » .Vos propos sont insupportables, d’autant plus que vous les tenez en qualité de responsable du service adoption de votre département, et il est logique que le président du conseil départemental, Pascal Martin (UDI), vous relève de vos fonctions, au nom de « l’intérêt supérieur de l’enfant »etdu refus de « toute forme de discrimination ». (voir ci-dessous) L’affaire serait close si Madame Lamare n’avait dit tout haut ce qui se pratique tout bas tant au nord qu’au sud de la Loire. Pour les couples de gays ou de lesbiennes, le parcours administratif sur la voie de l’adoption n’est pas un parcours du combattant. C’est une impasse qui ne dit pas son nom. Christiane Taubira leur avait pourtant taillé une loi sur mesure en . Le mariage entre personnes de même sexe était autorisé. L’article du texte les plaçait sur la même ligne de départ que les hétéros candidats à l’adoption, gérée en France par l’aide sociale à l’enfance. Cinq ans après, « le constat est amer » estime l’association des parents et futurs parents gays et lesbiens qui se plaint de « pressions au cours de leurs parcours de demande d’agrément », «bien loin de l’esprit de la loi ». Une autre association, celle des familles homoparentales ajoute que l’incident normand n’est pas un cas isolé. Le mois dernier, en Meurthe-et-Moselle, le président du conseil de famille, une instance charnière dans la prise de décision, « avait déclaré publiquement privilégier les couples hétéros ». Puisque le Parlement a décidé et que les lois de la République s’appliquent à tous, il n’est pas normal que dans tout le pays, des madame Lamare, trop bavardes ou plus discrètes, se substituent au législateur au nom de leurs propres valeurs. D’où l’importance des déclarations, hier, des deux secrétaires d’État, Olivier Dussopt et Marlène Schiappa pour qui « aucune discrimination ne saurait être tolérée». Un destin, on n’en a qu’un. C’est trop précieux pour s’en laisser déposséder sans que l’État rappelle quelle est la règle et quel est le droit.