Et un, et deux, et trois... héros
Des quatre pilotes présents en conférence de presse hier, Fernando Alonso a volé la vedette au trio tricolore. Romain Grosjean, Pierre Gasly et Esteban Ocon lutteront avec leurs moyens dimanche
Des questions exclusivement posées en anglais et des réponses évidemment toutes formulées dans la langue de Shakespeare. La traditionnelle conférence de presse organisée au Castellet hier en milieu d’aprèsmidi n’avait pas franchement l’accent français. Les très nombreux journalistes présents avaient pourtant l’embarras du choix pour mettre la France en avant. Mais tous s’entêtaient à multiplier les questions à l’attention d’un Fernando Alonso manifestement plus « intéressant » à leurs yeux que ses trois partenaires de corvée médiatique, Pierre Gasly, Esteban Ocon et Romain Grosjean. Une forme de désintérêt qui ne semblait pas du tout au goût du dernier nommé. « Non, je ne suis pas fatigué. La conférence de presse était en anglais et toutes les questions étaient pour Fernando (Alonso), lâchait Grosjean, manifestement agacé à l’issue de l’exercice. C’est difficile dans ce cas de se sentir concerné. »
« Un coup de boost »
Sans le contredire, il était, à dire vrai, surtout difficile de sentir que nous étions au circuit Paul-Ricard pour le grand retour du Grand Prix de France. Mais allez, qu’importe, car comme l’assurait un peu plus tard le pilote de l’écurie Haas, « dimanche, quand on entendra La Marseillaise et qu’on verra tous les drapeaux en tribunes, c’est sûr que ça donnera un petit coup de boost ». Ce « coup de boost », les trois Français alignés au départ de leur grand prix en auront d’ailleurs bien besoin. Car comme l’assure Jean Alesi, sans se départir pour autant de son optimisme naturel, Ocon, Gasly et Grosjean « ne pilotent pas des voitures taillées pour aller sur le podium ». Un podium que l’Avignonnais avait pourtant frôlé ici même en 1989, alors qu’il n’était pas non plus vraiment programmé pour l’atteindre. Parti en seizième position, avec sa modeste Tyrrell à moteur Ford, Alesi franchissait quatre-vingts tours plus tard la ligne en quatrième position, à seulement six secondes de l’Italien Ricardo Patrese. Une performance qui nous donne envie de croire comme lui que « tout est possible en sport automobile ».
« Les voir rentrer dans les points »
Mais allez, restons prudents et suivons jusqu’au bout les conseils de l’ancien pilote Ferrari aux 32 podiums en F1, qui prévoit de voir Ocon, Gasly et Grosjean « rentrer dans les points ». Alors ça n’offrira évidemment pas une Marseillaise sur le podium à l’issue de la course, mais avec un bon résultat les Français, et surtout les deux plus jeunes d’entre eux, continueront de se faire une place dans le paysage de la F1. Et peutêtre qu’un jour, eux aussi auront droit à un intérêt médiatique à la hauteur de leurs talents. Et peut-être même à des questions de journalistes formulées en français. (Photos Bernard Asset, L. B., D. L.)