Craft, le pilier
L’attaque fait lever les foules, la défense fait gagner des titres. Prononcée il y a quelques années par Michael Jordan et répétée à qui veut l’entendre par bon nombre d’entraîneurs, la maxime n’a jamais été aussi vraie qu’en ce jour de finale. Un soir à ne pas se rater. A imposer sa dureté et sa densité. Son identité, aussi. Celle d’une Roca Team intraitable en défense dans le sillage d’un Aaron Craft maître de cérémonie. Pour enlever cette cinquième manche décisive, Monaco n’aura de toute façon pas le choix. Il faudra défendre (très) dur et son meneur n’hésitera pas à s’y coller. Comme toujours. Élu meilleur défenseur du championnat pour sa première saison en Jeep Elite, Craft n’en finit plus d’impressionner. « Quand on signe des joueurs on connaît leur qualité première mais c’est vrai qu’on est vraiment satisfait de le voir travailler comme il le fait et d’être à la hauteur des attentes du coach » assure l’entraîneur adjoint Olivier Basset. En le faisant signer en début de saison, le staff monégasque a effectivement montré un sens de la recherche aiguisé. Il faut dire que le bonhomme a débarqué en Principauté auréolé d’un sacré CV.
« Aaron, c’est le moteur »
En 2014, Aaron Craft remporte le titre de NBA D-League ainsi que celui de meilleur défenseur du championnat dans les rangs de l’équipe “réserve” des Golden-State Warriors. Deux ans plus tard, il en fait (presque) de même avec une finale de Serie A et un titre de meilleur défenseur du championnat italien dans les rangs de Trento. Bref, un expert en la matière. « Son moyen d’expression, c’est la défense, appuie Olivier Basset. Il va livrer tout son savoir faire et sa technique sur le terrain. La défense c’est aussi de la technique. » Une partition que le natif de Findlay (Ohio) récite à la perfection dans un collectif monégasque irrésistible lorsqu’il parvient à se mettre au diapason de son meneur. «Onest très axé sur la défense, poursuit l’adjoint de Zvezdan Mitrovic. Notre style de jeu se construit autour de la défense. Notre efficacité offensive vient de l’abnégation que les gars mettent à la récupération. Aaron, c’est le moteur de tout ça. Quand il va bien en défense, on sait que l’équipe va bien. » Et pour arriver à ses fins, Craft n’hésite pas à donner son corps à la science. En demifinale face à Limoges, le meneur US s’est même jeté sur le parquet pour récupérer un ballon semble-t-il perdu au nez et à la barbe de Dru Joyce. Un “fighting-spirit” couplé à une attitude de gentleman hors des parquets.
Guerrier gentleman
« C’est un monstre ! Il a dû être possédé à la naissance, souriait il y a peu son coéquipier Ali Traoré. Ce n’est pas possible qu’un mec aussi gentil dans la vie se transforme en démon sur un terrain pour détruire le jeu de l’équipe adverse. Quand tu vois à quel point il se dépouille, tu te sens obligé de
faire pareil. » Décrit comme introverti par Olivier Basset, Craft se transforme en guerrier une fois le match débuté. Mercredi soir au Mans, le meneur s’est même permis de sortir une nouvelle arme de sa palette secrète avec 15 points inscrits au compteur. Une performance
qui n’a pas spécialement étonné Olivier Basset. « Le Mans a peut-être commis une petite erreur en se disant que ce n’était pas un scoreur et il a pris ses responsabilités. » Bref. Un taulier désireux de soulever le plus beau des trophées.