La France a remporté la Coupe du monde de football en
Le 12 juillet, la France réalise un exploit en remportant la finale face aux Brésiliens. Ce soir-là, les rues de Menton et Roquebrune sont envahies et tous les habitants vibrent avec les Bleus
À cet instant, la France s’élève sur le toit du monde. Le 12 juillet 1998, les Bleus remportent la Coupe du monde de football contre le Brésil au stade de France. Trois buts à zéro. Une victoire collective. Et un déferlement nocturne qui se propage de Roquebrune à Menton. Dans la nuit – entre Carnolès et la frontière italienne – c’est un flot ininterrompu de voitures qui défilent sur le bord de mer. Concert de klaxons, pétards, sirènes de bateaux, chants de victoire jusqu’à l’aube… Pourtant, au début de la compétition, le Mondial ne réunit pas les foules. Quelques semaines plus tôt, trois joueurs de l’AS Monaco – Thierry Henry, David Trezeguet et Martin Djetou – inaugurent un grand panneau à Carnolès en l’honneur de la Coupe du monde... presque dans l’indifférence ! « Car le même jour, Michael Jackson était à Monaco, se remémore Marsou Viano, figure emblématique du restaurant Les Allobroges. Lorsque la France s’est qualifiée pour les huitièmes de finale, l’ambiance est montée en puissance en ville. C’est là que la vision du football a changé pour devenir fédératrice.» A Roquebrune, l’association « Carnolès espace commerce» organise une exposition sur le football, des tombolas et prévoit des décorations de vitrine aux couleurs bleu-blanc-rouge... Petit à petit, les commerçants jouent le jeu et les maillots des Bleus s’arrachent avant les matchs. Un jubilé Marcel Mengucci – entraîneur historique de l’ASRCM football – est même organisé pour mettre en lumière le sport local.
Bain de foule dans la fontaine du Bastion
Le soir de la finale, de nombreux Mentonnais assistent au match devant le grand écran du palais de l’Europe. « Quand Zidane a marqué, les 200 jeunes regroupés devant le grand écran ont chanté la Marseillaise», confie à l’époque, le maire, Jean-Claude Guibal. À Roquebrune, la « fan zone» est installée au gymnase Valgelata, totalement pris d’assaut. Bars, terrasses de café... le match historique est suivi partout en ville. Même au travail. « À l époque je travaillais à l’hôtel Napoléon. Clients et personnel ont regardé le match ensemble dans la salle de réception en mangeant des pizzas, relate Annie Jaquemot. Mon mari était persuadé que la France allait gagner. Il avait acheté un magnum de champagne que nous avons tous bu ensemble.» Dans chaque foyer, on suit l’ascension fulgurante des Bleus d’Aimé Jacquet. Jusqu’à la victoire. « À la fin du match, les habitants ont envahi le bord de mer. Il y avait des drapeaux français partout, des cris de joie, des cornes de brumes qui résonnaient depuis les balcons», se remémore une Mentonnaise. Vers minuit, la foule s’est baignée dans la fontaine du Bastion. Un feu d’artifice a même été tiré sur la baie de Garavan. De Menton à Roquebrune, le rêve fou de milliers d’habitants s’est réalisé au même moment. Un rêve bleu.