Monaco-Matin

Serbie - Brésil

- M. F. A.D.

Sans doute la plus grande équipe à ne jamais avoir été championne du monde avec les Pays-Bas de Johan Cruyff. Le onze d’or hongrois des années  avait tout pour séduire et notamment des génies offensifs : Kocsis, Puskas, Czibor, Bozsik. Face à la meilleure équipe européenne, les artistes brésiliens pour ce que tout le monde appelle la «finale officieuse» alors qu’il ne s’agit que d’un quart de finale disputé à Berne, en Suisse. Pourtant, le match est d’une violence sans précédent. Après chaque but, les joueurs invectiven­t les supporters adverses, Nílton Santos et Humberto sont expulsés pour « brutalités », Didi frappe un joueur hongrois, le capitaine magyar Bozsik est lui aussi expulsé. Le tout sous une pluie battante. Pis, après le dernier but du match signé Kocsis (victoire de la Hongrie -), une bagarre générale éclate et les fans auriverdes envahissen­t le terrain. On voit même journalist­es et photograph­es échanger des coups sur la pelouse. Le sélectionn­eur hongrois, Gusztáv Sebes, est touché à la pommette et subira quatre points de suture. Le Brésilien Carlos Pinheiro, lui, prend une bouteille en verre sur la tête et termine en sang. La presse helvétique parlera alors de « Bataille de Berne ». Beaucoup d’interrogat­ions enveloppen­t cette troisième et dernière journée du groupe D. Le Brésil est sous pression. Un nul lui suffit face à la Serbie ce soir pour se qualifier. Mais une défaite peut l’éliminer. En fonction des différents résultats, il pourrait aussi tomber contre l’Allemagne en huitièmes de finale. Cette fois, dans un match à fort enjeu, Neymar devra maîtriser ses émotions. Nerveux (contre l’arbitre ou son coéquipier Thiago Silva) ou en pleurs (à la fin du match) face au Costa Rica, la star auriverde n’a pas encore montré qu’elle avait le mental pour porter sa sélection. Certes, le « Ney » a aussi su être génial en faisant le spectacle (roulette parfaiteme­nt exécutée) et en étant efficace (en marquant le deuxième but) mais il ne présente pas encore l’âme du leader qui lui incombe. Malgré sa montée en puissance en Russie, le spectre du Mondial-2014 plane encore sur cette équipe brésilienn­e décidément très fragile dans les têtes, comme ce fut le cas avec Thiago Silva il y a quatre ans. Jusqu’à présent, c’est Coutinho, buteur contre la Suisse et face au Costa Rica, qui a le mieux tenu son rang sur le terrain et endossé le costume de taulier. Face aux rugueux Serbes qui doivent viser la gagne pour se qualifier, et donc obligés de se découvrir, la rencontre promet d’être ouverte et spectacula­ire. Si la bande à Tite doit se méfier du talentueux Kolarov, capable de faire le show, ce scénario est favorable aux Brésiliens, très à l’aise quand il y a des espaces. De quoi libérer (et relâcher) enfin Neymar ? On l’espère. Pour le spectacle en tout cas.

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