Sur la Haute route du sel
L’ancienne route militaire reliant le col de Tende à Triora est désormais rouverte. La stratégie mise en place pour faire connaître cet axe vertigineux a été présentée hier au siège de la Carf
‘‘ Au-delà des frontières et des compétences administratives ”
C’était une route pour diviser les peuples, nous en faisons aujourd’hui un cordon ombilical entre la France et l’Italie » .Engagé depuis plusieurs années dans l’ambitieux projet de réhabilitation de l’ancienne route militaire reliant la Roya à la haute vallée Tanaro, le maire de Tende, JeanPierre Vassallo, savourait hier sa victoire. Alors que vient de rouvrir cet axe remarquable, perché à 2000 m d’altitude. Alors que le dossier, désormais achevé pour sa partie opérationnelle, était présenté au siège mentonnais de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf). Victoire collective, en réalité, dans la mesure où c’est coude à coude que les communes de Tende, La Brigue, Limone, Briga Alta et Triora – appuyées par le Sivom de la Roya et l’Unione Montana Val Tanaro – sont parvenues à obtenir les fonds européens nécessaires à de tels travaux d’envergure. Réalisés sans apport de matériaux extérieurs.
Fermée en
« Cette route a été construite par les Italiens à des fins militaires. Elle a été entretenue pendant longtemps par les chasseurs alpins italiens mais elle a commencé à se dégrader il y a quelques années. En 2010, le maire de Limone a pris la décision de la fermer. C’était devenu trop dangereux, entre autre parce que le site est vertigineux », commente Jean-Pierre Vassallo. Rappelant que l’axe mène au Marguareis, là où le géologue Michel Siffre a fait des expérimentations pour le compte de la Nasa, en 1962. « Pour sauver la route, nous avons organisé une réunion des maires franco italiens, reprend l’élu .Et nous avons trouvé un créneau grâce aux fonds européens Alcotra » .Accordés à deux reprises pour ce même projet. Au succès incontestable de la démarche s’est aujourd’hui greffé un défi : celui de faire connaître un tel bijou touristique, renommé « Haute route du sel » en référence à son passé. Quand les caravanes de mulets, chargées de sel, de fromages et de blé, passaient par là pour le commerce entre la province de Cuneo et la côte Ligure. Durant près de dix mois, une équipe de communicants a planché sur une stratégie pour valoriser l’artère, augmenter l’attractivité du territoire transfrontalier et assurer des retombées économiques locales. L’idée étant, à terme, de faire participer au maximum les structures d’accueil et les services préexistants. Autour du concept d’une route principale – accessible aux véhicules motorisés en échange d’une petite participation financière – de laquelle part une série de ramifications que randonneurs et cyclistes peuvent emprunter pour rallier les villages du secteur. Des vélos électriques seront notamment proposés à la location. « C’est le type même de produit que l’office du tourisme communautaire doit promouvoir », reconnaît le président de la Carf, Jean-Claude Guibal, plutôt épaté par les outils de communication proposés (lire cicontre). Des brochures et interfaces en langues française et italienne répondant à une logique de « promotion touristique commune, au-delà des frontières et des compétences administratives », comme le souligne l’un des porte-parole, Riccardo Porcellana. Car l’accès au « toit du monde » ne saurait souffrir une ligne de démarcation.