Monaco-Matin

En correction­nelle pour avoir foncé sur les forces de l’ordre

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr JEAN STIERLÉ

Le préfet des Alpes-Maritimes salue les conditions dans lesquelles gendarmes et policiers sont intervenus lundi et mardi à Mandelieu, Cannes et Antibes. « Ils ont fait leur devoir. Ils l’ont fait avec déterminat­ion et sangfroid », souligne GeorgesFra­nçois Leclerc qui s’en félicite : « L’ordre public républicai­n a été rétabli. » Le préfet entend désormais travailler avec les élus pour que soit « mieux organisé » l’accueil des gens du voyage « qui ont le droit de séjourner dans notre départemen­t ». Il fait amende honorable : « C’est parce que nous n’avons pas su correcteme­nt programmer [leur] arrivée en mettant préalablem­ent à leur dispositio­n des terrains que ces troubles à l’ordre public ont eu lieu. » « En l’état actuel des choses, Georges-François Leclerc, préfet des AlpesMarit­imes.

(Photo Cyril Dodergny)

aucune aire de grand passage n’est prévue dans les Alpes-Maritimes », observe M. Leclerc qui, dans de précédente­s fonctions, s’était assuré que la Haute-Savoie en soit dotée. Ces structures sont conçues pour recevoir L’Associatio­n des maires ruraux des Alpes-Maritimes tenait, hier à Drap, son assemblée annuelle. Les élus présents n’ont pas manqué d’y manifester leur soutien au maire de Cabris, qui s’est retrouvé démuni mardi face à l’arrivée massive des caravanes des gens du voyage sur sa commune. jusqu’à 200 caravanes. Le préfet rappelle que les Alpes-Maritimes doivent en offrir « au moins deux par saison », sachant qu’elles seraient, comme ailleurs, temporaire­s. Chaque départemen­t est tenu de se doter d’un schéma directeur d’accueil des gens du voyage. « Nous n’en avons pas, je vais m’employer à y remédier avec le président du Conseil départemen­tal, dans les mois qui viennent. »

De l’aide pour Cabris

Le préfet exprime son soutien au maire de Cabris. « Je voudrais lui dire qu’il n’est pour rien dans cette situation. C’est la raison pour laquelle j’ai refusé la démission qu’il m’a présentée. Et je vais tout faire pour l’aider, « Nous avons aisément pu nous mettre à la place de Pierre Bornet et nous comprenons son désarroi», souligne JeanPaul David, président de l’Associatio­n des maires ruraux du 06. « Nous demandons une applicatio­n stricte de la loi. Nous ne pouvons laisser nos territoire­s être envahis, car nous dans les prochains jours, à ce que cette cohabitati­on se passe le mieux possible. » Sur l’éventualit­é d’une installati­on des intéressés à Saint-Vallier-de-Thiey : «En aucun cas les services de l’État ne le leur ont conseillé. » En attendant, que peut-il advenir, au regard de la loi, de tous ces itinérants ? Le problème paraît inextricab­le, pour ne pas dire ubuesque. « Ils ont le droit d’être accueillis, dès lors que cela est programmé. Si ce n’est pas programmé, l’installati­on est illicite. Si l’installati­on est illicite, ils ne peuvent pas rester. » Pas question de les disséminer dans des aires communales à la capacité trop contenue. Cet été, la route sera longue. n’avons pas les moyens pour faire face, en matière de sécurité notamment, à de telles situations. » Il reconnaît cependant que les communes rurales, malgré l’épisode cabrienc, sont beaucoup plus rarement confrontée­s que les grandes villes à ce type d’événement. L’audience du tribunal correction­nel de Grasse s’annonçait mouvementé­e avec la présence hier matin, aux alentours du palais de justice, des gens du voyage venus soutenir l’un des leurs, présenté en comparutio­n immédiate l’après-midi. Craignant peut-être des débordemen­ts, de nombreux policiers et CRS avaient pris place sur le parvis et à l’intérieur de la salle d’audience. Mais c’est dans le calme que se sont déroulés les débats présidés par Philippe Leonardo. Le prévenu, Steeve un père de famille de  ans, a d’emblée voulu prendre la parole pour regretter son geste et se confondre en excuses. On lui reproche d’avoir forcé sur un barrage de police avec son fourgon mardi à Antibes blessant au passage les fonctionna­ires. Ceux-ci étaient présents à l’audience. La défense demandera un renvoi de l’affaire, s’interrogea­nt d’ailleurs sur la nécessité d’un tel déploiemen­t de force alors que leur client affichait calme et repenti apparent. Le procureur de la République Alain Guimbard justifiera, lui, la présence des forces de l’ordre, pour assurer la sécurité des débats, car après « les coups de forces à Antibes et Mandelieu, on avait tout à craindre ». Il requiert un mandat de dépôt n’ayant pas selon lui de garanties de représenta­tion et voulant empêcher la réitératio­n des faits. En prison Intervenan­t à la défense de Steeve, Me Bertrand Dubois plaidera « que pour son client, le meilleur gage de représenta­tion, c’est sa vie ». En effet, entreprene­ur et bien inséré dans la société, il emploie cinq salariés sur des chantiers en Seine-et-Marne () ou il justifiera­it d’un domicile. Il demande une mesure de clémence que le prévenu argumenter­a d’ailleurs à la fin des débats par une déclaratio­n solennelle : « Laissez-moi travailler, je me soumettrai­s à toutes obligation­s de contrôle judiciaire, mais il faut que je reste en contact avec mes clients. » Le tribunal prononcera un mandat de dépôt à son encontre et renverra l’affaire au  juillet prochain.

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