Les maires ruraux du en quête d’une “discrimination positive”
«Que l’on arrête de nous imposer des obligations et que l’on nous laisse mener notre barque, nous sommes des élus responsables ! » Tel est, en substance, le message que les maires ruraux des Alpes-Maritimes, réunis en assemblée générale à Drap, se sont employés à faire passer à l’État. La loi Notre et la loi Montagne, comme la logique d’intercommunalisation, les contraignent en effet à passer sous de plus en plus de fourches caudines. Qu’ils supportent de… moins en moins, la conjugaison de dotations restreintes et de contraintes exacerbées rebutant les meilleures volontés.
Courrier à Philippe
Dans un débat souhaité totalement ouvert, les échanges furent donc souvent vifs, que ce soit en matière d’urbanisme, de santé, d’éducation, d’assainissement… «Nous souhaitons en particulier une application plus souple et bienveillante de la loi Montagne, pour que les communes qui n’ont pas de Plan local d’urbanisme puissent encore construire dans certains cas», note ainsi Jean-Paul David. Le président de l’Association des maires ruraux des Alpes-Maritimes plaide également pour que le transfert aux intercommunalités des compétences en matière d’eau et d’assainissement soit laissé à la libre appréciation des maires et que ces derniers conservent une autonomie fiscale assortie d’une visibilité à long terme. Cette volonté des maires ruraux azuréens de rester maîtres chez eux, tout en alertant sur la précarité de leur situation, s’est traduite par la rédaction d’une lettre collective au Premier ministre. Ils y regrettent « l’inflation des normes inutiles et inapplicables et l’affaiblissement drastique de leurs moyens financiers », exhortant le gouvernement à « mieux garantir la cohésion du pays et à tout mettre en oeuvre pour réduire les inégalités territoriales». Les maires ruraux en appellent même, « pourquoi pas, à une discrimination positive. L’État doit trouver des solutions concrètes et organiser à nouveau ses services pour accompagner le développement de nos projets, au-delà d’une vague Agence de cohésion des territoires sans moyens et éloignée du terrain ».
« Ruralité vivante »
Car Jean-Paul David en atteste aussi, les élus ruraux n’ont pas encore totalement baissé les bras. Au contraire. «Nous sommes porteurs d’une ruralité vivante, d’une ruralité de projets. Les maires sont des bâtisseurs et veulent mettre en oeuvre des projets innovants pour satisfaire les besoins de leurs concitoyens. » D’ores et déjà, l’Association des maires ruraux a acté d’intensifier ses échanges avec l’Agence régionale de santé, pour garantir l’accès aux soins. Et elle a signé deux conventions de partenariat : l’une avec la Fédération de l’hôtellerie et du tourisme, l’autre avec le Syndicat des éleveurs fromagers.