Monaco-Matin

Julien était né sans défenses immunitair­es

- NANCY CATTAN

Il avait  ans. Il en aurait eu  le lendemain de son décès. Julien a été emporté le  juin dernier par la rougeole. Une maladie contractée à l’extérieur du cercle familial. Ses parents, ses frère et soeur, sa copine, tout le monde autour de lui était vacciné. Pour le protéger. Julien ne pouvait, en effet, bénéficier lui-même de cette vaccinatio­n. Son état de santé le lui interdisai­t ; le jeune homme était né sans défenses immunitair­es. Et depuis ses premiers jours, il était traité par des immunoglob­ulines. Un traitement lourd qui avait eu pour effet secondaire de détruire ses reins. D’abord en dialyse, il avait bénéficié il y a cinq ans d’une greffe rénale issue d’un don de son père. En dépit de ce parcours dans la maladie depuis son plus jeune âge, Julien était heureux de vivre. Il travaillai­t. Il aimait et il était aimé de ses proches. Infiniment. Ces derniers mots, c’est à sa mère qu’il les adressait après avoir été pris en charge dans un état grave à l’hôpital à Nice. « Lorsque les médecins m’ont demandé s’ils pouvaient l’endormir, j’ai dit non ; Julien était conscient, c’est à lui que j’ai posé la question. Il m’a répondu que j’étais sa personne de confiance. Je lui ai dit : “Je t’aime” ; il m’a répondu : “Moi aussi je t’aime”. » Ce seront les derniers mots de Julien. Il ne se réveillera jamais. Emporté par une banale maladie virale, alors qu’il avait réussi à relever jusque-là d’énormes défis. Mais cette maladie, lui-même ne pouvait rien faire contre elle. Seuls les autres pouvaient l’en protéger. La rougeole est une maladie très contagieus­e. Et potentiell­ement mortelle pour des personnes vulnérable­s. En se vaccinant, on protège aussi ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir l’être. Y penser en pensant à Julien.

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