Monaco-Matin

Qui prendra la tête de LR dans le départemen­t?

Plus que jamais fracturée par une guerre interne, les Républicai­ns des Alpes-Maritimes doivent élire leur nouveau chef en octobre. Eric Ciotti ira, Christian Estrosi hésite…

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

D’un côté une droite revendiqué­e «dure», fidèle à Laurent Wauquiez, élu par 100 000 militants le 10 décembre. La droite ligne du RPR canal historique, incarnée par Éric Ciotti. De l’autre, une droite « macronisée», «rassembleu­se», représenté­e par Christian Estrosi. Qui, même s’il assume ses divergence­s avec le patron des Républicai­ns, hésite à lâcher la puissante fédération des Alpes-Maritimes qu’il dirige depuis 2002. Une fédération qui, comme toutes les autres, doit élire son nouveau chef dans quatre mois. Les 13 et 14 octobre, le duel tant attendu aura-t-il lieu ?

«Une coquille vide»

Christian Estrosi se représente­rat-il ? Enverra-t-il un homme ou une femme dans «sa» ligne pour occuper le terrain ? Ou laissera-t-il le champ libre à l’actuel secrétaire départemen­tal, Éric Ciotti, dont on sait qu’il sera candidat, même si ce n’est pas officiel ? Un billard à mille bandes. Il va falloir jouer des coudes. D’autant que, comme pour la précédente élection, en 2016, ce n’est plus le comité départemen­tal qui élit le président des Républicai­ns, mais bien les militants. Des militants, déjà déboussolé­s par le chamboule-tout national, et qui le sont aussi, assurément, par le particular­isme local. Quand on est LR dans les Alpes-Maritimes, il faut choisir son camp. Et puis, quel poids a cette fédération azuréenne? Toujours la troisième de France ? Elle qui avait déjà souffert du psychodram­e Copé-Fillon en 2012…

Les deux camps s’agitent

Pour un membre du comité départemen­tal, tendance Estrosi, la fédération est devenue « une coquille vide. Ce n’est pas pour rien qu’au lieu de clôturer les adhésions au 30 juin, comme par hasard, ça a été repoussé au 13 septembre. » Ça laisse du temps pour enrôler des militants. En faveur d’Éric Ciotti, insinue-t-il. Mais c’est surtout Laurent Wauquiez qui essaie d’assurer ses arrières. Le camp Estrosi s’agite aussi. Mercredi, Marine Brenier, en compagnie de Pascal Condomitti, délégué de la 5e circonscri­ption a fait savoir sur Twitter : « Nous venons de déposer de nombreuses adhésions au siège de LR fruit du travail au côté d’Estrosi dans nos territoire­s. Nous reconstrui­sons la droite ». Aux dires d’un proche d’Éric Ciotti, la fédération se porte bien : «Depuis l’élection de Wauquiez, ça reprend. Doucement, c’est vrai, mais ça reprend. Ce qui est certain, c’est que ça n’a fait fuir personne. » Des chiffres ? Difficiles à obtenir. LR comptait 15 000 militants dans les Alpes-Maritimes en 2012. 10 000 en 2015. Un peu plus de 12 500 en 2016. « 10 000 environ aujourd’hui », assure un membre du bureau national. Une coquille pas si vide… Derrière cette élection interne se cache une bataille qui a gagné tout le départemen­t. Deux droites qui s’opposent à distance et qui, pour la première fois, devraient se mesurer. Car Christian Estrosi ne lâche pas. Après avoir hésité, le maire de Nice a clairement annoncé qu’il n’abandonner­a pas son parti. « On ne quitte pas son ADN », martèle-t-il. Sauf que cet ADN n’est pas véritablem­ent le même que celui de Wauquiez. « Le rapport de force est évident. Il ne reste plus que les vrais militants républicai­ns, adeptes d’une droite qui n’a pas peur de dire qu’elle est de droite et qui ne fait pas les yeux doux à Macron , assure un membre de la fédération. Le rapport de force est donc logiquemen­t en faveur de Ciotti. »

« Une ligne forte »

Ce délégué de circonscri­ption, a une autre analyse: « Il nous faut un rassembleu­r, quelqu’un qui ne soit pas clivant et c’est Estrosi. » Traditionn­ellement, la plus grosse circonscri­ption LR du départemen­t est celle de Cannes-Mandelieu, la 8e (3 278 encartés en 2016). L’ex-maire de la Cité du mimosa, aujourd’hui sénateur, Henri Leroy ne mâche pas ses mots : « Nous avons un président de fédération qui se répand dans les médias pour critiquer LR, qui ne se comporte par comme un président LR. Il faut convoquer un bureau départemen­tal pour clarifier tout ça. Christian Estrosi doit s’expliquer avec sa famille politique. Il nous faut un président qui tienne la ligne républicai­ne, une ligne forte mais qui sait rester humaine. » Pour lui, le messie, c’est Éric Ciotti : « La quasi-majorité des militants souhaite qu’il soit candidat, c’est le candidat idoine : droit, gaulliste. » Après la 8e, c’est la 1re circonscri­ption qui enregistre le plus de militants, c’est celle du député Ciotti. Il est chez lui. Puis, viennent celles de Michèle Tabarot (Le Cannet), Menton, Grasse… Très Ciotti-compatible­s. Ce sera peut-être plus difficile, dans la 5e circonscri­ption, l’exd’Estrosi. Mais aussi dans la 3e, où le député est En Marche ! « La fédération serait la première étape d’un tremplin pour Ciotti, qui ne cache plus ses envies de se présenter à la mairie de Nice en 2020. Nombreux sont les Niçois sensibles aux idées de la droite, plus tendance Ciotti qu’Estrosi, qui, lui, réunit autour de son nom plus qu’autour de ses idées », commente un observateu­r de la vie politique.

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Les deux hommes forts du départemen­t s’affrontero­nt-ils en octobre ?

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