Monaco-Matin

Le temps du désamour

- THIERRY PRUDHON Reporter edito@nicematin.fr

« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ! » Emmanuel Macron est aujourd’hui rattrapé par le fameux théorème chiraquien. Tout semblait glisser sur sa carapace. Un beau soir de mai , il avait décrété sa majesté et en avait ostensible­ment fait don à la France. Chacun semblait devoir s’y plier. Quand Chirac, Sarkozy, Hollande s’étaient très vite retrouvés essorés par la moulinette du pouvoir, Macron aura, une année durant, donné l’illusion d’avoir suspendu le temps et restauré la geste gaullienne. Sauf que l’époque n’est plus la même. Il ne suffit plus d’en imposer pour échapper aux agressions à répétition… La lessiveuse médiatique, désormais à l’oeuvre jour et nuit, ne laisse aucun répit. Elle use prématurém­ent jusqu’à ceux, pauvres fous, qui croient pouvoir l’asservir à leur profit. Isolée, chacune des querelles cherchées au Président apparaît formidable­ment dérisoire : vaisselle de l’Elysée, piscine de Brégançon, langage brutal… Mais elles dessinent un retourneme­nt, la revanche paradoxale des syndicats. Macron les a broyés, en imposant avec une autorité inédite une réforme équilibrée de la SNCF. Leur musique corrosive a néanmoins fini par trouver l’oreille de Français qui se demandent si leur Président les aime autant qu’il s’aime. Dans ce contexte, les propos, même surinterpr­étés, de Jean-Louis Borloo sur le gratin et les nouilles, après ceux, même démentis, de François Pinault sur le mépris des petites gens, enfoncent un nouveau coin là où le bât blesse. L’état de grâce a vécu. Macron se retrouve face au piège qu’il s’est lui-même tendu : pour avoir fait rentrer la moitié d’un quinquenna­t en une année, il va devoir prouver plus vite que prévu aux Français que sa politique, à défaut d’être empathique, produit des résultats. Pour tous.

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