Monaco-Matin

Dans la tête de « Dédé »

Le sélectionn­eur des Bleus Didier Deschamps affiche une sérénité à toute épreuve. Le capitaine des champions du monde 1998 est animé par une seule chose : la gagne

- VINCENT MENICHINI, À ISTRA

Didier Deschamps a le souci du détail. Ne laisse rien au hasard et souhaite que ses joueurs ne soient focalisés que sur une seule chose, ici, en Russie : le ballon rond. En choisissan­t la ville d’Istra comme camp de base, le sélectionn­eur a visé juste, puisque rien ne les incite à faire le mur. Il a même fait en sorte que le personnel de l’hôtel Hilton, où résident les Bleus, soit exclusivem­ent masculin, ce qui a conduit à un chamboulem­ent des effectifs. ‘‘DD’’ est ainsi, soucieux que rien ne déborde, que rien ne fuite, que tout soit sous contrôle, quitte à faire grincer quelques dents parmi ses joueurs qui tournent en rond au milieu de leur forêt de sapins. Quitte aussi à ce que les Bleus ne s’entraînent plus sur leur terrain d’entraîneme­nt habituel de Globovets, en raison de l’afflux des journalist­es lors des mises en place à huis clos. « Il a fini par en avoir vraiment marre de voir ses compositio­ns d’équipe 48 heures avant dans tous les médias », glisse-t-on dans l’entourage de l’équipe de France.

« Je ne veux perdre personne en route »

Les états d’âme ? Très peu pour Didier Deschamps... Adrien Rabiot, à qui le rôle de remplaçant ne convenait pas, en a fait les frais, à l’inverse d’un Florian Thauvin qui, bien qu’il savait qu’il ne jouerait jamais, fait preuve d’un état d’esprit assez exceptionn­el. Le sélectionn­eur n’oubliera pas, comme il n’oublie jamais quand une décision ou une prise de parole dessert ses intérêts ou ceux de l’équipe de France qu’il place « au dessus de tout ». Il a bâti son groupe de façon à ce qu’aucune tête ne dépasse et s’est débarrassé de ceux qui pouvaient l’embarrasse­r. « Je ne veux perdre personne en route », a-t-il confié, ces derniers jours. Depuis le début de la compétitio­n, la France joue mal, voire très mal. Deschamps le sait. Cela a pu le contrarier, le conduisant a tenter des choses, comme ce 4-3-3 avec Mbappé-Griezmann-Dembélé en attaque. En reniant certains de ses principes, il a fait preuve de courage, mais a rapidement fait machine arrière. Laisser place à la folie, ce n’est pas ce qui le caractéris­e le plus, ni ce qui l’anime. « Dédé, lui, ce qui l’anime, c’est la gagne, le reste... » avance Eric Cubilier, son ancien joueur à l’AS Monaco, avec lequel il partage, entre autres, des parties de padel sur la Côte d’Azur. « Quand je joue avec lui, je n’ai pas intérêt de lâcher. Si tu baisses la tête, il peut te mettre la misère. Et peu importe si en face, c’est meilleur. Il n’acceptera jamais qu’on lâche... » Didier Deschamps juge qu’il n’a de compte à rendre à personne, si ce n’est à son président Noël Le Graët, avec lequel il entretient une relation quasi-fusionnell­e.

L’ombre de Zidane

Ce dernier est venu au soutien, dès hier matin, alors que se profile ce huitième de finale brûlant contre l’Argentine. « On va passer », a-t-il assuré à nos confrères du Parisien. Pourtant, en cas d’éliminatio­n à ce stade de la compétitio­n, compte-tenu surtout du spectacle affiché, la France entière va réclamer Zinedine Zidane. « Didier mènera les Bleus jusqu’en 2020 », avance Le Graët qui pourrait déchanter, dès demain soir à Kazan. « Même si Zizou est libre, je ne le vois pas quitter le navire, ni être en danger. Son groupe est jeune, confie Cubilier. En France, on n’est jamais content. On est qualifié pour les huitièmes de finale, on a fini premier. Regardez l’Allemagne, elle est à la maison… Attendons ce match contre l’Argentine avant de porter un jugement définitif. Il y a un génie en face, mais il y a la place. » Malgré l’énorme pression qui enveloppe ce match contre l’Albicelest­e de Messi, Deschamps, lui, affiche une sérénité à toute épreuve. Elle serait même « contagieus­e », à en croire l’un des membres de la délégation française. « Je ne l’ai jamais vu paniquer, il transmet son calme à tout le monde, assure un proche. Ce n’est que du foot, du plaisir, il le répète souvent. » « Il se sert de tous les leviers, mais aussi de l’expérience de 98, c’est évident, pense Cubilier. On n’était pas bien brillant dans le jeu, mais qui a soulevé la Coupe ? C’est Didier… Il s’en fout pas mal des critiques sur le jeu. Ce qu’il souhaite, c’est de n’avoir aucun regret, que les gars mettent tout en oeuvre pour aller le plus loin possible. Je peux affirmer aussi qu’il n’a jamais oublié la finale perdue de l’Euro contre le Portugal. Celle-là, elle lui est restée en travers de la gorge ! »

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(Photo EPA/MAXPPP) Un sélectionn­eur imperturba­ble...
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