Monaco-Matin

Laurent Wauquiez en visite de soutien à la frontière

En visite dans les Alpes-Maritimes à l’occasion du congrès des Républicai­ns – qui se tient à Menton, aujourd’hui – le patron des LR s’est prêté à une rapide visite des locaux de la PAF, hier

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Dans le milieu politique, depuis que la question migratoire occupe le devant de la scène éthique et médiatique, la visite des locaux mentonnais de la Police aux frontières est devenue un sport national. Pratiqué par tous les camps, qu’importe la couleur. En déplacemen­t dans les AlpesMarit­imes à l’occasion du congrès national des Républicai­ns – qui se tient aujourd’hui à Menton – le patron du parti, Laurent Wauquiez, partisan d’une droite forte, ne pouvait décemment s’y soustraire. Surtout après que plusieurs rapports récents, émanant de diverses structures et ONG, se sont montrés alarmants sur les conditions d’accueil des migrants sur le secteur. Et après qu’un accord sur les migrations a été trouvé au sommet de l’Union européenne, dans la nuit précédant sa venue.

« Les policiers ont peu de soutien politique »

Accompagné, entre autres, par le député Eric Ciotti, le maire de Menton Jean-Claude Guibal ou encore l’ancienne ministre Nadine Morano, Laurent Wauquiez a ainsi souhaité profiter de l’occasion pour apporter son soutien aux forces de l’ordre. En venant à leur rencontre (express) aux deux postes frontières. Posant quelques questions d’ordre très général sur la teneur de leur mission. Types de contrôles effectués, équipes en place, nombre de passages selon l’heure de la journée… Accaparé, non pas par des supporters, mais bien par une nuée de journalist­es, l’élu de droite a ainsi

légitimé sa venue par le fait que « les policiers font ici un travail difficile, et qu’ils ont peu de soutien politique ». Exception faite du sien, cela va sans dire. « Entre 500 et 1000 migrants passent ici chaque semaine de manière illégale. La France et l’Europe en accueillen­t trop » poursuit-il, insistant sur le fait qu’une « crise migratoire » est bel et bien à l’oeuvre. Scud à peine voilé au président Macron qui, parlant de l’Italie, préférait évoquer,

il y a quelques jours, une « crise politique ». «Ce sera un défi majeur pour les années qui viennent. Mais nous avons besoin d’un changement d’approche », reprend Laurent Wauquiez. Pour qui la politique à mener se résumerait en un mot : « fermeté ». Comprendre : ne pas chercher à répartir les migrants entre les différents pays européens, comme il assure que le chef d’État français le désire. Mais les reconduire

à la frontière, dès lors que leur entrée est illégale. Que ceux qui souhaitaie­nt des réponses aux problèmes purement locaux se détournent, le patron des LR embraie assez logiquemen­t sur la politique nationale, sinon internatio­nale. Reprenant partiellem­ent des arguments exposés dans un entretien aux Échos, publié jeudi. Le changement d’approche qu’il appelle de ses voeux tiendrait ainsi en trois points : « Il ne faut pas avoir de centres pour réfugiés en Europe. Car quand ils sont là, après, ils ne repartent pas… Les navires doivent par ailleurs ramener les migrants sur les côtes africaines, sur les ports dont ils sont originaire­s. Et il faut évidemment une aide au développem­ent du côté africain. Mais on ne peut pas continuer si ces pays, de leur côté, n’assument pas leurs responsabi­lités en ne reprenant pas les migrants illégaux », clame-t-il. Ajoutant qu’en l’absence de changement de politique « on aura encore ces images de fausse générosité. Et un appel d’air à l’attention des passeurs ». « On ne peut avoir de tabou. Les accords de Schengen, de Dublin, la collaborat­ion avec l’Afrique, rien ne marche. C’est du bricolage», complète-t-il.

« Accord de façade »

Invité à commenter l’accord tout juste trouvé par les vingt-huit États européens, Laurent Wauquiez joue la mine boudeuse. « Je crains qu’il ne s’agisse d’un accord de façade. Aucun pays n’est réellement d’accord. Et il ne traite pas le problème essentiel: faire en sorte que nous puissions agir avant que les migrants quittent les eaux territoria­les africaines.» Et puis, n’hésitant pas à se répéter, le patron des LR martèle qu’installer un centre européen pour les réfugiés sur le sol français serait une « folie ». Clap de fin. L’élu doit filer à Grasse pour fleurir la tombe de Pasqua – que l’on aurait bien imaginé tenir les mêmes propos. La gouaille en prime.

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(Photos Jean-François Ottonello) Entouré d’une nuée de journalist­es – et de soutiens politiques – le patron des LR, Laurent Wauquiez, s’est rendu aux deux postes frontières mentonnais, hier.
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