Pierre Laurent : «Une défiance croissante»
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et sénateur de Paris, sera ce week-end à la fête des communistes azuréens, sur la colline du Château à Nice. Il y débattra notamment, cet après-midi à 14 h 30, sur la question migratoire et les luttes sociales du moment.
Que pensez-vous de l’accord européen visant à la création de centres fermés pour accueillir les migrants ? Ce qui se passe aujourd’hui est une honte pour tous les pays européens et, notamment, pour notre gouvernement. L’idée de renvoyer la question des migrants à l’extérieur de l’Europe en ouvrant des plateformes au-delà de nos frontières, dans des pays eux-mêmes peu sûrs, n’est pas digne de ce que peut faire l’Union européenne. Quant aux centres d’accueil en Europe, il en faut, mais pas seulement aux frontières extérieures. Il en faut dans les pays d’accueil mais aussi à nos frontières, à la frontière francoitalienne, au Nord de la France, en région parisienne. Des centres qui permettent d’accueillir dignement ces personnes, de leur faciliter les tâches administratives, puis de créer les conditions de leur accueil pérenne, dans le pays de leur choix. Il faudrait donc installer des centres d’accueil un peu partout en Europe.
Quelle est la stratégie du PCF en vue des européennes de ? Nous voulons une liste qui porte une plateforme offensive, sociale et solidaire sur la question européenne. Nous devons sortir du piège qui veut nous enfermer entre les replis nationalistes et xénophobes d’un côté, la fuite en avant vers une Europe libérale de l’autre. Sur ces bases, nous avons choisi Ian Brossat, jeune maire adjoint de Paris, pour conduire notre campagne, que nous voulons ouverte à des forces sociales et citoyennes. Nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui, à gauche, sont favorables à la construction d’une telle liste. Les cheminots ont éveillé les consciences sur la nécessité de se mobiliser et de défendre, dans la durée, un service public ferroviaire. Car le projet de loi qui vient d’être adopté ne règle aucun des problèmes de la SNCF. Il ne fait que nous préparer à l’ouverture à la concurrence, alors que persiste le risque de voir des lignes de proximité menacées et que le réseau reste à améliorer. Le combat devra donc continuer, en particulier contre la cession de lignes au privé. Les mois écoulés ont, en tout cas, modifié le climat social. On voit une défiance croissante à l’égard du gouvernement dominer aujourd’hui. Que ce soit en matière de santé, de retraites, d’éducation, les inquiétudes grandissent. Elles promettent des mobilisations de plus en plus importantes. Votre sentiment sur la volonté du gouvernement de réduire le délai de fabrication de la loi et de restreindre les amendements ? Nous sommes très en colère contre le projet de réforme des institutions. Entre la réduction du nombre de parlementaires, qui va conduire à un seul parlementaire pour deux cent mille habitants, et la réduction du droit d’amendement, nous allons à l’inverse de ce qu’il faudrait. Nous avons, au contraire, besoin de redonner des pouvoirs aux citoyens en permettant aux parlementaires d’être plus à leur écoute. On se dirige de plus en plus ouvertement vers une monarchie présidentielle. Le PCF va exiger un référendum qui permette aux Français de s’exprimer après le débat parlementaire et la réforme qui en sortira.