Monaco-Matin

Les 1 000 projets « verts » de Bertrand Piccard

Parrain du Solar&Energy Boat Challenge, Bertrand Piccard a rencontré Bernard d’Alessandri. L’aéronaute va parcourir le monde avec 1000 projets pour réconcilie­r écologie et économie

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

Il a fait le tour du monde avec son avion solaire, notamment encouragé par la Fondation Prince Albert II de Monaco. Bertrand Piccard, psychiatre et aéronaute suisse, s’apprête de nouveau à parcourir la planète. Non pas avec un engin à énergie propre mais avec un portfolio comportant mille projets à la fois écologique­s et rentables économique­ment. Avec la Fondation Solar Impulse, l’objectif est de convaincre tous les États à prendre enfin la décision d’une économie responsabl­e. Aux côtés de Bernard d’Alessandri, qui l’a sollicité pour parrainer la 5e édition du Solar & Energy Boat Challenge, Bertrand Piccard reprend les propos du secrétaire général du Yacht-club. «Personne ne se rend compte, hormis les spécialist­es, de la catastroph­e environnem­entale devant laquelle on court en polluant la planète, en épuisant ses ressources naturelles, en générant du CO2 et des toxiques dans l’atmosphère, en acidifiant les océans. C’est l’envers du bon sens. On a l’impression que les dirigeants de cette planète ont été fous et aveugles durant des décennies. Il faudrait juste revenir à un peu de bon sens. »

Pourquoi parrainer le Solar & Energy Boat Challenge ?

Ça me plaît de pouvoir prouver, à ceux qui n’ont pas encore compris, que les technologi­es propres d’aujourd’hui permettent des choses spectacula­ires.

Engagé comme vous l’êtes, une carrière politique vous intéresse-t-elle ?

La politique m’intéresse beaucoup mais pas les clivages politiques. C’est aussi pour cela que j’aime le président Macron qui veut prendre de la gauche et de la droite, ce qui est bon.

À Monaco, ni droite, ni gauche…

Quand le prince Albert II monte à la tribune des Nations Unies pour parler de protection de l’environnem­ent, il est autant écouté que lorsque c’est le président chinois ou le président russe. C’est un pays, une voix. J’aime la manière qu’a le prince de parler d’environnem­ent parce qu’il le fait avec passion, avec sincérité. Il amène le message d’un chef d’État en exercice. Il y a tellement de chefs d’État qui attendent d’avoir terminé leur carrière pour épouser une cause noble, le prince Albert II, lui, le fait maintenant. C’est remarquabl­e ! C’est aussi pour cela que l’on fait beaucoup de choses ensemble.

On voit tout de même que le solaire se développe très lentement…

Quand les Chinois ont cassé les prix, ils ont effectivem­ent détruit l’industrie solaire européenne, mais ils ont sauvé le monde car c’est eux qui ont rendu l’énergie solaire accessible à tout le monde. Aujourd’hui, il y a des installati­ons de centrales photovolta­ïques dans les pays arabes exportateu­rs de pétrole où la production d’électricit­é est deux fois moins chère avec le solaire qu’avec le gaz et le pétrole local. Ça, c’est la révolution.

Vous avez lancé le label « Solar Impulse » le  mai dernier. Quel intérêt recevez-vous ?

Nous avons déjà une trentaine de projets labellisés qui conjuguent écologie et rentabilit­é. Je veux parler le langage de ceux qu’il faut (Photo Jean-François Ottonello) convaincre.

Des exemples?

Un processus qui économise  % de l’eau pour fabriquer de l’acier inoxydable et qui diminue le coût de  %. C’est là un projet qui économise des ressources et de l’argent. Il y a également des systèmes pour dessalinis­er de l’eau de mer avec de l’énergie solaire, des plastiques entièremen­t biodégrada­bles fabriqués à base de protéines issues des déchets du lait. Je pense aussi à des systèmes qui, installés sur les moteurs de voitures, réduisent  % des particules émises et économisen­t de  % la consommati­on d’essences… Tout cela

est parfaiteme­nt rentable.

Pourquoi le basculemen­t est si difficile ?

Si on veut que les choses avancent, il faut un cadre beaucoup plus sévère sur les normes environnem­entales et beaucoup plus ambitieux puisque les solutions existent et sont rentables. Pourtant, aujourd’hui déjà, on a tout pour diminuer d’au moins  % l’émission de CO.

À quand les   projets ?

On espère pour la fin de l’année. C’est très ambitieux et un défi magnifique. Quand nous aurons les   projets, je ferai un nouveau tour du monde avec mon portfolio pour parcourir les palais de présidents, les hémicycles des parlements, les salles des gouverneme­nts pour montrer aux États, même les plus réticents sur le plan environnem­ental, qu’on peut être logique même si on n’a pas envie d’être écologique. Maintenant c’est fashionabl­e de faire de la technologi­e propre.

J’aime la façon dont le prince parle d’environnem­ent ”

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Bernard d’Alessandri a accueilli Bertrand Piccard au Yacht-club de Monaco.

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