Monaco-Matin

ELLE SURVIT À UNE CHUTE DE  MÈTRES

Dépressive, elle était activement recherchée depuis mercredi soir par sa famille, rongée par l’inquiétude. Elle a survécu à une chute de trente mètres en s’alimentant comme elle pouvait

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Dépressive, Marie-Ange Metqal a survécu après être tombée depuis le viaduc de Tende. Hanche et talon cassés, elle a dû manger des feuilles pour survivre. Elle n’a été retrouvée que dimanche soir, au terme de quatre jours d’une folle inquiétude pour ses proches.

Dimanche, parmi les Tendasques qui ont participé à la procession annuelle à la Madone de Vievola, ils ont été quelques-uns à faire un voeu pour Marie-Ange Metqal. La quadragéna­ire était portée disparue depuis mercredi soir. Elle a été retrouvée le dimanche soir, épuisée, grièvement blessée, mais vivante. « Heureuseme­nt qu’il y avait le bon dieu avec elle », soupire son compagnon, Imad Metqal. Nous l’avons rencontré hier, devant les urgences de l’hôpital Pasteur 2, à Nice, où sa femme a été héliportée par l’hélicoptèr­e de la Sécurité civile. Dépressive, Marie-Ange Metqal, 42 ans, aide-soignante au CHU de Tende, avait laissé avant de partir un mot sans ambiguïté sur la table familiale. «Çaaétéla panique », confie son compagnon, aide médico-psychologi­que dans une maison d’accueil spécialisé­e à La Brigue et sapeur-pompier volontaire depuis onze ans. Le couple est marié depuis 22 ans. Ils ont deux enfants, de 20 et 16 ans.

Deux battues

Si Imad Metqal prend la parole, c’est pour remercier tous ceux qui se sont mobilisés activement pour retrouver sa femme : les proches, les voisins, les amis. « Les copains de mon fils, Gaëtan, et de ma fille Hend, se sont tous portés volontaire­s. »

Vendredi, deux battues ont été menées, par une quarantain­e de personnes. Des témoins disaient l’avoir vue à Breil-sur-Roya, ce qui a dispersé les recherches. S’il est soulagé - et le mot est faible - Imad Metqal ne peut s’empêcher de regretter le temps perdu. Notamment ce moment où il a été arrêté par des gendarmes mobiles, alors qu’il cherchait sa femme sur des chemins de randonnée. « Ils m’ont dit que j’étais sur des terrains privés, ce que je peux comprendre. Mais ce qui m’a choqué, c’est

qu’ils étaient là pour la surveillan­ce contre les migrants et qu’ils ne savaient même pas que ma femme était portée disparue. Je suis moimême allé leur donner une photo ... C’est inhumain. » Pendant un peu plus de quatre jours, Imad et ses enfants n’ont quasiment pas dormi. « J’ai mangé un yaourt. On cherchait jusqu’à deux ou trois heures du matin. Comme elle était partie sans argent, sans téléphone mais avec ses clés de maison, je guettais sans cesse le bruit dans la serrure. »

Des appels au secours

Dimanche vers 18 heures, un propriétai­re de chevaux est allé rendre visite à ses bêtes, à quelques pas de la médiathèqu­e de Tende, non loin du domicile familial des Metqal. « Il reculait avec son camion quand il a entendu des appels au secours. Il a découvert ma femme. Il nous connaît, il est menuisier, mon fils a travaillé avec lui. Il a donné l’alerte.» Les secours se sont précipités sur place. « J’ai alors reçu un appel de mes collègues pompiers. Ils

m’ont dit qu’ils avaient une bonne nouvelle. J’ai cru que l’on allait enfin engager l’hélicoptèr­e que je réclamais depuis le début pour les recherches, mais qui était refusé. Il m’a répondu que c’était une encore meilleure nouvelle. C’est comme si je revivais.» Quand il est arrivé sur place, Imad a trouvé sa femme dans un état très dégradé. « Elle avait des contusions, des bleus partout, la hanche cassée, le talon aussi. Elle avait plein de feuilles et de la terre dans la bouche, le visage terribleme­nt marqué. Mais elle m’a reconnu, elle était consciente. » Il a plu deux jours sur la zone. Marie-Ange Metqal aura juste le temps d’expliquer aux sauveteurs qu’elle a mangé les feuilles pour s’en sortir. Des arbres ont amorti sa chute de près de trente mètres, depuis un viaduc. Combien de temps est-elle restée là ? Hier, Imad n’avait pas encore toutes les réponses. Sa compagne se trouvait au bloc opératoire, pour sa hanche. Imad soupire, épuisé, mais heureux. « Pour moi, pour les enfants, l’essentiel est là. Elle est en vie. » Il repense à son chef de centre des sapeurspom­piers, aux proches, collègues, amis, à la personne qui l’a découverte : «Jeleur dois un immense merci ! » Quand Marie-Ange Metqal sera totalement remise, peut-être pourra-t-elle se rendre avec sa famille à la Madone de Vievola pour y déposer un cierge...

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(Photo G. L.) Imad Metqal, mari de la disparue, et leur fils Gaëtan. Avec toute la famille, ils attendaien­t hier à l’hôpital Pasteur  que leur compagne et mère sorte du bloc opératoire.
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(Photo DR) La photo d’avis de recherche de MarieAnge Metqal.

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