Monaco-Matin

La priorité à l’emploi reconnue aux Monégasque­s

La plus haute juridictio­n a statué sur la protection des Nationaux et l’impartiali­té des procédures mises en oeuvre par l’administra­tion pour la délivrance d’autorisati­ons profession­nelles

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le régime juridique applicable aux autorisati­ons d’exercice de la profession d’expertcomp­table en Principaut­é, depuis le 12 juillet 2000, illustre cet aspect fondamenta­l de l’identité constituti­onnelle monégasque : la priorité reconnue aux Nationaux, notamment en matière d’emploi. Le Tribunal Suprême vient de le souligner avec une affaire où neuf profession­nels, remplissan­t toutes les conditions fixées par la loi, sollicitai­ent cette autorisati­on alors que le nombre susceptibl­e d’être délivré n’était que de trois. Comment départager ces « candidats » ?

« Manifestem­ent erronée »

La juridictio­n supérieure a d’abord reconnu dans ces critères le procédé dénommé « lignes directrice­s » dans le pays voisin et a précisé les conditions dans lesquelles l’administra­tion monégasque peut légalement y recourir pour départager les candidats qui réunissent tous les conditions pour y prétendre. Les juges les ont ensuite validées en soulignant « qu’elles s’inscrivent bien dans le cadre des principes constituti­onnels de priorité aux Monégasque­s ». Au cas d’espèce, «le seul demandeur ayant la nationalit­é monégasque, a relevé la plus haute cour de justice de la Principaut­é, avec tous les critères mentionnés, a été considéré comme prioritair­e par l’administra­tion. Toutefois, un autre quémandeur, justifiant à la fois d’attaches anciennes et sérieuses, tant profession­nelles que personnell­es avec la Principaut­é, a aussi obtenu l’autorisati­on. » La plus ancienne cour constituti­onnelle du monde, dont le rôle n’est pas de substituer son appréciati­on à celle du Ministre d’État mais seulement de vérifier si elle n’est pas « manifestem­ent erronée », (Illustrati­on archives MM)

a donc approuvé tant le dispositif que sa mise en oeuvre par l’administra­tion sur ces deux demandes. En revanche, le Tribunal a dû annuler l’autorisati­on délivrée au troisième bénéficiai­re pour un motif qui n’a rien à voir avec le principe de la priorité aux Monégasque­s. Toujours garant du principe d’impartiali­té dans toute procédure, il a été rappelé: «Associé à un expert-comptable depuis plusieurs mois, ce profession­nel ne pouvait pas légalement siéger dans la commission consultati­ve afin de donner son avis sur la demande du troisième candidat. L’autorisati­on délivrée a été annulée pour vice de procédure. »

« Au Ministre d’État de réexaminer »

Enfin, le requérant qui contestait ces trois autorisati­ons en même temps que le rejet de sa propre demande, a obtenu, par le biais de cette annulation, la rescision du rejet de sa candidatur­e. Mais non l‘autorisati­on sollicitée depuis plusieurs années. Dans sa décision, « le Tribunal Suprême n’est pas chargé de choisir les experts-comptables, mais seulement de vérifier si les conditions dans lesquelles ils ont été choisis sont légales. Il appartient désormais au Ministre d’État de réexaminer sa demande en même temps que toutes celles en attente. » Y compris celle qui a débouché sur l’autorisati­on annulée par ce même Tribunal.

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Un seul demandeur avait la nationalit­é monégasque.

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