Juillet : entre poissons et élections, la St Pierre retardée
De quoi parlait-on au pied du Campanin ? Nice-Matin vous propose de découvrir l’actualité d’il y a 50 ans
Tous les quinze jours, plongez dans les archives de Nice-Matin. Au fil des pages jaunies par le temps, c’est un pan de l’histoire qui refait surface dans la mémoire collective. Il était une fois… Il y a ans.
Abstention record pour le tour des Législatives
À Menton comme partout en France, c’est l’heure du deuxième tour des élections législatives. Car ce n’est qu’en 2001 qu’un changement de calendrier a été fixé pour éviter les cohabitations (si inconfortables pour l’exécutif). Le scrutin s’est visiblement passé dans un calme olympien mais un petit caillou demeure dans la chaussure des analystes : l’abstention. «Au premier rang des motifs, il faut sans doute citer le beau temps qui a incité bon nombre d’électeurs à préférer à la fraîcheur des bureaux de vote celle des sous-bois mentonnais. D’autres ont sûrement pensé que les jeux étaient faits et qu’il était inutile de se déplacer, certains enfin n’ont peut-être pas voulu choisir entre les deux candidats » commentait-on alors. Il y a cinquante ans, disiez-vous ?
Les sapeurs-pompiers au secours… d’anguilles !
Ce jour-là, les pompiers de Menton se voient confier une mission impossible. Visant à – lisez vite, ce message s’autodétruira dans cinq secondes – « permettre à des anguilles de l’Hérault d’arriver, vivantes, jusqu’aux conserveries de Naples ». Un transporteur responsable d’une dizaine de milliers d’anguilles n’était pas parvenu, en effet, à faire une halte en vue de changer l’eau du vivier – opération nécessaire pour assurer la survie des bestioles. Aussi a-t-il appelé les soldats (de l’eau ?) en renfort. Ceux-ci « imaginèrent un système d’évacuation et de remplissage en adaptant leurs longues lances de toiles aux réseaux urbains ». L’histoire veut que les poissons ont bien fini par mourir. Mais dans les règles de l’art : embrochés et plongés dans du vinaigre par les spécialistes italiens ès anguilles en conserves. Nul ne sait en revanche si les pompiers ont été remerciés en nature… Dans les éditions de Nice-Matin
Saint-Pierre en retard
Coup de théâtre dans le calendrier des traditions. Originellement prévue les 29 et 30 juin, la fête de la SaintPierre est décalée au week-end suivant. Mais le pire a visiblement été évité de peu, dans un contexte d’élections, de lendemain de Mai-68 et de météo compliquée. « On a pu croire un instant qu’en raison des événements, la fête allait être reportée. Or on sait ce qu’il en est des fêtes traditionnelles : il suffit d’une remise pour qu’effacées du calendrier elles n’y réapparaissent plus ». Que les commentateurs d’alors soient rassurés. Cinquante ans plus tard, l’hommage au saint patron des pêcheurs subsiste. Même si le nombre de pêcheurs, lui, a très considérablement décliné.
Angoisse au Marguareis
d’il y a cinquante ans.
!
Découvert en 1967, le gouffre du massif du Marguareis – dans la Roya – a réservé quelques frayeurs au spéléologue Gérard Cappa. Alors qu’il venait de découvrir une nouvelle caverne, le jeune homme subit une grave défaillance. «Épuise par la longue descente de
quatre heures et demie, transi par l’eau glacée, il a dû abandonner ses investigations (...) Il n’a pas été en mesure d’apporter la réponse que tous, à la surface, attendaient depuis de longues heures.» À savoir: la profondeur exacte du gouffre. L’expédition n’en demeure pas moins pleine d’enseignements pour le futur: on a appris à cette occasion que des galeries partaient de la caverne souterraine, où coule une rivière d’un débit de 40 à 50 litres secondes. Ne restera donc plus qu’à savoir jusqu’où elles s’enfoncent. Mais plus tard, la suite de l’expédition ayant été reportée.
Des marins à Garavan
Pour la première fois depuis sa création, deux gros bateaux de la marine anglaise mouillent dans le port de Garavan – aux côtés des (bien petits) yachts et autres navires de plaisance. Le « Walkerton » et le « Stubbington », des dragueurs de mine que le public est autorisé à venir visiter. Comble du bonheur : l’arrivée des militaires coïncide avec les festivités du 14Juillet. Aussi les « sailors » sont-ils naturellement conviés à la fête nationale… française. (Repros N-M/Archives municipales de Menton)
Chagall à l’honneur
Après Dufy, Rouault, Matisse, Villon, Braque et Picasso, c’est Chagall qui obtient les faveurs de la VIIe biennale de peinture. Dix-neuf toiles du maître russe sont offertes à la vue des aficionados. S’ajoutent à ces petits bijoux 173 peintures issues de 27 pays différents, ainsi qu’une section réservée aux peintres américains. «L’édition 1 968 présente un reflet pratiquement complet de l’art contemporain» se réjouit-on dans la presse.
Coup de chaud
La canicule sévit. On s’inquiète pour les grands oubliés : le personnel à la frontière. « Ce serait tenable si l’on ne gardait sur soi que le minimum de vêtements. Mais il n’est pas question que les forces de l’ordre se présentent dans une tenue proche du paradis » souligne-t-on. Traitant leur uniforme de « sauna portatif ». Espérons juste qu’ils n’aient pas eu le sang chaud… Archives municipales de Menton. 2, rue Saint-Charles. Ouvert du mardi au vendredi de 9 h à 12 h et 14 h à17 h. Tél. 04.92.10.50.28.