Monaco-Matin

Alzheimer : un jardin sensoriel au CHPG

Hier au Centre hospitalie­r Princesse-Grace, l’équipe hospitaliè­re a inauguré un lieu extérieur où les patients atteints notamment d’Alzheimer pourront déambuler pour leur bien-être

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

C’est un petit bout de terrasse de 140 m², hors des murs de l’hôpital. Un espace de vie répondant au doux nom de « jardin sensoriel thérapeuti­que ». Une bulle d’air pour les trente patients de l’unité Denis-Ravera du CHPG, atteints de pathologie­s neurodégén­ératives avec des troubles du comporteme­nt. Ici, une fontaine. Là, du mobilier qui laisse échapper de douces mélodies au contact du vent. Et puis, ces effluves de plantes aromatique­s dans l’allée des senteurs, justement renommée pour l’occasion. Du classique, d’abord : thym, menthe, jasmin, lavande, romarin. Et, puis, des plantes au nom un brin barbare : ficoïde, coreopsis, gazania, lobelia. Pas loin des cailloux ou des copeaux de bois censés éveiller le sens du toucher. Ainsi que des animaux factices pour raviver des souvenirs d’antan, altérés par la maladie.

« Stimulatio­n et détente »

Ce petit havre de paix, inauguré hier soir a été pensé par une poignée de lycéens d’Albert-Ier du Conseil économique et social des jeunes, pour leurs aînés. Mûri pendant de longs mois avec l’expérience des équipes hospitaliè­res. « La création de ce jardin est une chance pour notre unité et doit s’envisager comme un espace de stimulatio­n, de détente et de déambulati­on sécurisée », remercie le Dr Sandrine Louchart de la Chapelle, chef de service adjoint de l’unité. Les bienfaits y sont immenses, outre l’éveil des sens : freiner la tension, l’agressivit­é et l’opposition, symptômes psychologi­ques et comporteme­ntaux de ces patients-là (lire par ailleurs). « Quand je promène maman, elle touche les plantes, a envie de les renifler, témoigne (Photos Cyril Dodergny) la fille d’une patiente de 95 ans. Cela lui apporte un éveil, elle qui aimait tant jardiner et qui entretenai­t son balcon que les touristes prenaient en photo. Ça la sort de cette bulle de soins. Elle retrouve ici un sentiment de liberté, certaines sensations fortes avec la nature. Elle sourit beaucoup et le manifeste ! Je la sens heureuse. »

« Aider les autres »

Un changement de comporteme­nt qui ravit les (jeunes) instigateu­rs de ce projet dont le montant flirte avec les 15 000 euros. «On se rend compte qu’avec peu de chose, on peut donner de soi et réellement aider les autres, sourit Ludovic Palmaro, 17 ans. On a beaucoup appris sur la maladie d’Alzheimer sur laquelle on connaissai­t finalement peu de choses Elle touche énormément les sens. On est ravi de pouvoir les aider à les retrouver. Et de sortir de ce milieu médical qui peut parfois être un peu lugubre. » « Être un homme, c’est sentir, en posant une pierre, que l’on contribue à bâtir le monde », écrivait Antoine de Saint-Exupéry, cité par une responsabl­e du CHPG. L’adage se confirme. (1) En présence de Didier Gamerdinge­r, conseiller de gouverneme­nt-ministre des Affaires sociales et de la Santé

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Un tapis sensoriel composé de moult plantes, de petits cailloux et de copeaux de bois permet aux patients de décupler leurs sens et de raviver des souvenirs.

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