Monaco-Matin

Elle griffe un policier et lui dit : « J’ai le sida »

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Au fait, j’ai le sida, alors j’espère que tu vas le chopper avec ce que je t’ai fait, s… » Cette furie déchaînée venait de planter ses ongles longs dans le cou d’une femme officier de police au moment de son transfert dans les locaux de la section judiciaire de la Sûreté publique. La scène se passait le mardi 24 juin, à l’issue de tergiversa­tions et contradict­ions épuisantes pour mesurer l’alcoolémie de cette Niçoise, ayant toujours refusé de s’y soumettre. Et pour cause : multirécid­iviste avec deux infraction­s identiques en France, elle ne voulait pas perdre son permis, bien que les faits d’ivresse aient été reconnus. La veille, en effet, cette commercial­e de Saint-Laurent-duVar avait passé la nuit à boire et à jouer au Casino de Monte-Carlo.

Elle se croyait encore place du Casino

Enivrée, la quadragéna­ire reprenait quand-même son Opel au parking des Boulingrin­s et roulait jusqu’au tunnel du Rocher emprunté à contre-sens. Aperçue sur les écrans du Centre intégré de gestion de la mobilité, l’opérateur ferme la barrière de sécurité afin d’éviter une possible collision. La conductric­e s’arrête et fume une cigarette. Jusqu’à apparaître très étonnée à l’arrivée des policiers, car elle se croyait encore dans le parc de stationnem­ent de la place du Casino. Elle en était sortie quelques minutes auparavant… Comme l’état d’ivresse est flagrant, les policiers la conduisent dans les locaux de la rue Suffren-Reymond. Incapable de souffler dans l’éthylomètr­e et après un malaise, les agents transporte­nt l’automobili­ste en état d’excitation physique jusqu’au CHPG pour une prise de sang. Elle refuse, mais consent à se plier cette fois à l’épreuve de l’alcootest. Peine perdue… Ramenée à la Sûreté publique, la chipie refuse de sortir du véhicule. Trois policiers arriveront tout de même à l’extirper de l’habitacle. Cette Niçoise est alors prise d’une véritable crise de violence, se débat et hurle, injurie, offense. Bonjour la poésie… Quand le lieutenant vient en renfort pour la maîtriser, elle lui plante ses ongles dans le cou…

« J’aurais aimé avoir le VIH pour lui refiler… »

Lundi, à l’audience de flagrance, menottée, la prévenue apparaît plus calme. « Pourquoi ce geste brutal », s’inquiète le président Florestan (Photo C. Dodergny) Bellinzona. « C’était mon attitude de défense, répond la femme aux grands yeux verts et cheveux châtains dans le box. La policière m’a frappée à plusieurs reprises à la jambe droite, au bras gauche, puis insultée…» Le magistrat ne croit pas du tout à la version de la détenue. « Dans vos déclaratio­ns, après dégrisemen­t, vous avez indiqué : “Je n’ai pas le VIH. Mais j’aurais aimé l’avoir pour le lui refiler…” Nous allons projeter les images vidéo de la caméra de surveillan­ce captées à cet endroit pour montrer ce qui s’est réellement passé. » La scène ne souffre d’aucune méprise. Si les fonctionna­ires ont eu recours à la force pour la sortir du véhicule, aucune violence n’a été commise. « Vous voyez, lance le président, vous ne recevez pas le moindre coup! Rien ne coïncide! Cela justifie-t-il votre comporteme­nt agressif dans le cou du lieutenant avec un jour d’ITT?» Silence radio… Puis la coupable ressasse les insultes proférées à son encontre… Me Hervé Campana, pour la partie civile, réclamera 1 000 euros de dommages et intérêts.

« Tendez-lui la main »

À l’heure des réquisitio­ns, le procureur Alexia Brianti estime l’attitude intolérabl­e envers des policiers dans l’exercice de leur fonction et sollicite une peine d’un mois de prison ferme. Que pouvait plaider la défense ? Le malêtre ! « Ma cliente a exprimé des regrets, s’obstine Me Alice Pastor afin de modifier le destin tragique de cette femme. Elle n’est pas dangereuse. Tendez-lui la main au contraire. Ses ennuis familiaux et s on problème avec l’alcool l’accablent suffisamme­nt comme ça. Elle est très agressive car elle ne trouve pas sa place dans notre société. Clémence ! » Le tribunal s’en tiendra à quinze jours ferme, deux amendes à 45 euros et au versement de 650 euros pour la plaignante.

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Incapable de souffler dans l’éthylomètr­e, la prévenue est devenue violente.

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