Monaco-Matin

Marrakech du rire : la recette du succès

Le gala annuel de Jamel Debbouze et ses amis est diffusé ce soir à 21 heures. Reportage au Maroc dans les coulisses d’un des rares programmes de M6 capables de concurrenc­er TF1

- PATRICE MAGGIO pmaggio@nicematin.fr

C’est le match de l’année, dans la petite lucarne. D’un côté, Jamel Debbouze, huit ans d’expérience à la tête d’une sélection bourrée de talents comiques. Tactique: ni 4-4-2, ni 4-3-3. Seulement du Ah-ah-ah ! «C’est l’occasion », résume le coach, «de faire rire les gens à gorge déployée, de prendre sur scène énormément de plaisir, et que ce soit contagieux.» Pendant deux heures et demie. Face à lui : Marilou Berry, Josiane Balasko et Victoria Abril en formation serrée, avec Joséphine s’arrondit!, une bonne comédie de 110 minutes. C’est M6 contre TF1, David contre Goliath, l’Athlétique Club de Marrakech contre le Real. L’an dernier, tous les pronostics avaient été déjoués : avec plus de 3,4 millions de téléspecta­teurs, Jamel l’avait emporté. L’objectif, cette année, est de rééditer l’exploit. Immersion dans le camp de base des Franco-Marrakchis.

Jamais pareil

Le MDR (comme « Marrakech du rire », mais aussi comme «mortde rire ») fête sa 8e édition. Dans les ruines prestigieu­ses du palais El-Badi (« l’incomparab­le », en arabe), 4000 spectateur­s viennent du monde entier pour assister à l’enregistre­ment, dans les conditions du direct. L’émission est enregistré­e en deux prises, à l’identique. Seules les meilleures séquences sont conservées. « C’est le meilleur gala qu’on ait jamais joué», se réjouit Jamel Debbouze, une fois le show mis en boîte, le 23 juin dernier. Grâce à un casting mitonné sur mesure : Kev Adams, Anne Roumanoff, Ramzy, Ahmed Sylla, mais aussi Malik Benthala, qui crève l’écran cette année, ou Camille Lellouche, l’ex-candidate de The Voice, véritable révélation de l’édition 2018. Pour trouver le savant dosage entre stars et futurs cracks, «un comité artistique planche chaque année dès le mois de septembre sur l’édition suivante», confie son frère, Rachid, l’une des pièces maîtresses du MDR.

Tendus

Comment préparer les artistes à un passage devant 3,4 millions de téléspecta­teurs ? Jamel livre le secret : « On a essayé plein de formules. Kev Adams a besoin de se faire masser à l’huile d’argan entre 4 et 5 heures du matin, Jeff Panaclop doit dormir dans une cage avec son singe.» Plus sérieuseme­nt, «on fait tout pour les garder tendus jusqu’au dernier moment». C’est valable pour toute l’équipe. «Parfois, on s’engueule sec parce qu’il ne faut pas se rater. »

«C’est cette tension qui fait qu’il se passe quelque chose sur scène. Ce qui est nouveau cette année, c’est un esprit de compétitio­n, mais sain. D’habitude, ils jouent leur partition et ils rentrent chez eux manger deux cornes de gazelle. Cette fois, tout le monde veut bien faire. » L’enjeu est énorme : un bon sketch, « et la France entière te reconnaît ». Après son premier passage en 2016, «Ahmed Sylla a reçu des propositio­ns de films, de séries, sa carrière est partie. »

A quitte ou double

Battre TF1, c’est bon pour l’ego. Mais c’est bien plus que cela. «Nous n’avons pas les moyens de faire ce festival, et nous le faisons depuis huit ans ! », explique Jamel Debbouze. «La seule chose qui nous sauve, c’est l’audience. Tant que l’on ne décevra pas le public, nous pourrons continuer à jouer. Et nous les artistes, notre seul moteur dans la vie, c’est de jouer.» Le budget est évalué entre 3 et 4 millions d’euros. Toujours dans le rouge, au point que Jamel doit éponger chaque année 200 000 euros sur sa propre cagnotte. Karim le confirme: «Si tout se passe bien, on va essayer d’équilibrer cette année.» Quitte à décaler certains projets. Déjà, des galas arabophone et africain sont tournés pendant le MDR. Un festival du cinéma, dans l’esprit de celui de l’Alpe d’Huez, prend ses marques. Un gala anglophone est dans les tuyaux, ainsi qu’un carnaval et… une exposition d’art contempora­in. Car le Marrakech du rire n’est pas qu’un gala télévisé. Sa vraie vocation, selon Jamel, est d’être «un carrefour de toutes les cultures. Le prétexte, c’est le rire, mais la finalité est d’être ensemble, de rêver, d’ouvrir de nouvelles perspectiv­es. Parce que je suis convaincu que la culture, c’est l’issue.» A quoi ? aux malheurs d’un monde qui n’a pas tous les jours des raisons de se marrer.

Savoir + Jamel et ses amis au Marrakech du rire 2018, ce soir à 21 heures sur M6.

 ?? (Photo Sven Etcheverry) ?? La Niçoise Michèle Laroque fait partie du casting 2018, pour un sketch tout en finesse avec Fatsah Bouyahmed.
(Photo Sven Etcheverry) La Niçoise Michèle Laroque fait partie du casting 2018, pour un sketch tout en finesse avec Fatsah Bouyahmed.
 ??  ?? Au casting cette année : Ahmed Sylla, Camille Lellouche, Elie Semoun, Jeff Panacloc... entre autres, et sans oublier Jamel, bien sûr !
Au casting cette année : Ahmed Sylla, Camille Lellouche, Elie Semoun, Jeff Panacloc... entre autres, et sans oublier Jamel, bien sûr !
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco