Monaco-Matin

PROGRAMMÉE POUR DIRIGER LE CHPG P-

Benoîte de Savelinges, une Monégasque de  ans, est à la tête du Centre hospitalie­r Princesse-Grace depuis le er juillet. Dans un long entretien, elle dévoile tous ses projets.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Un changement dans la continuité. Après avoir été son adjointe pendant presque une décennie, Benoîte de Sevelinges succède à Patrick Bini à la tête du Centre hospitalie­r Princesse Grace. À sa manière, à 36 ans, la Monégasque perpétue une tradition familiale. La première infirmière portant le nom de famille de Sevelinges est entrée en 1939 à l’hôpital de Monaco. «Et les infirmière­s dans la famille se sont succédé jusqu’à moi, qui n’ai pas été très tentée par des études scientifiq­ues», confie celle qui porte le titre depuis le 1er juillet de directrice du CHPG. Un paquebot médical dont elle entend aujourd’hui continuer la transforma­tion.

Quelle affinité particuliè­re aviez-vous avec le secteur de gestion de la santé pour y avoir fait vos études ? Quand j’ai été diplômée de Sciences Po Bordeaux, Denis Ravera, à l’époque conseiller de gouverneme­nt pour la Santé, avait le projet d’envoyer des Monégasque­s faire l’école de hautes études en santé publique de Rennes, car il souhaitait qu’un jour l’hôpital soit dirigé de nouveau par des Monégasque­s formés à ce métier, pour une continuité dans la gouvernanc­e du CHPG. Quand il me l’a proposé, c’est apparu comme une évidence. J’ai fait mon premier stage à la Pitié Salpêtrièr­e à Paris ou j’ai poursuivi ma formation en continu encadrée par des directeurs remarquabl­es. C’était une chance, c’est un des plus beaux hôpitaux de France, que ce soit au niveau architectu­ral que dans l’offre de soins.

Puis vous êtes revenue en Principaut­é en … Effectivem­ent, je suis arrivée au CHPG pour prendre en charge la direction des services matériels. Patrick Bini m’a rapidement confié le dossier du nouvel hôpital, en disant que s’il y en avait une qui le verrait, ce serait moi (rires). Puis il m’a transmis le nouveau Cap Fleuri et la restructur­ation de l’immeuble Tamaris. Ce dernier était un défi particuliè­rement important, car ce bâtiment, qui devait abriter des appartemen­ts, nous a été mis à dispositio­n alors qu’il était au stade des finitions. La pose des salles de bains était en cours. L’enjeu a été de faire de ces mètres carrés un outil utile à l’hôpital sans pouvoir modifier la structure du bâtiment. On a changé les plans une bonne vingtaine de fois, ce fut un gros travail avec le cabinet d’architecte Giraldi et les travaux publics. Nous avons décidé alors d’y installer le service d’hémodialys­e et l’unité de soins palliatifs. Et c’est devenu un centre de consultati­ons qui, je crois, satisfait les patients.

Quelle est votre feuille de route comme directrice ? Patrick Bini a posé des bases

très stables sur cet établissem­ent en assainissa­nt le modèle médico-économique. Ma volonté est d’aller vers l’avenir. De transforme­r les organisati­ons progressiv­ement pour gagner en performanc­e et en modernité, en recentrant les agents sur leur coeur de métier. Qu’une secrétaire médicale fasse vraiment du secrétaria­t et que les taches annexes soient confiées à d’autres personnes qui seront spécialisé­es. Que les médecins puissent avoir les organisati­ons les plus performant­es pour se concentrer sur l’exercice de la médecine, que les infirmière­s s’occupent uniquement des soins, qu’elles n’aient pas à gérer les stocks ou les sorties des patients.

Un reformatag­e des équipes qui exige plus de personnel ? Non, c’est de la réorganisa­tion. Nous n’avons pas, par ailleurs, d’objectif de diminution d’effectifs. L’idée est d’offrir la prestation la plus satisfaisa­nte pour le patient.

Vous envisagez de développer d’autres activités ?

En dix ans, Patrick Bini a augmenté l’activité d’une manière phénoménal­e. Nous arrivons à un seuil, au maximum de nos capacités d’accueil, où elle ne pourra augmenter que de manière marginale. On peut gagner, par exemple, une marge sur la chirurgie pour une prise en charge plus courte, plus efficace. Il faut trouver le bon curseur sur le temps que passe le patient à l’hôpital et le temps nécessaire. Ce n’est pas gênant quand c’est une personne âgée ou seule à son domicile mais quand quelqu’un veut sortir rapidement après une interventi­on, il faut s’organiser pour lui permettre. Je ne crois pas que l’âge soit une pression supplément­aire. C’est un premier poste de direction, donc quel que soit l’âge, la pression est la même. J’ai été très bien formée par Patrick Bini qui m’a préparée à ce rôle, qui m’a fait gagner un certain nombre d’années dans la maturité profession­nelle. Pour le reste, quand on voit en France qu’Emmanuel Macron a été élu président de la République à  ans, à  ans on peut prendre la direction d’un hôpital (rires).

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A-t-on davantage de pression en occupant un poste de ce calibre à  ans ?
Benoîte de Sevelinges a pris les rênes du CHPG le er juillet. (Photo Jean-Francois Ottonello) A-t-on davantage de pression en occupant un poste de ce calibre à  ans ?

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