Monaco-Matin

LE PRINCE RÉPOND AUX ATTAQUES

Le souverain a répondu hier aux enquêtes à charge du JDD et de Pièces à conviction et «déplore», dans le cadre de l’affaire Rybolovlev, «des présentati­ons de Monaco visant à décrédibil­iser ses Institutio­ns».

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Il ne pouvait rester de marbre face aux accusation­s et sa réaction était guettée. Le prince Albert II a finalement réagi hier soir, par voie de communiqué, aux enquêtes du JDD et de Pièces à conviction (France 3) parues la semaine dernière. «Au terme d’une semaine marquée par la mise en cause de la Principaut­é par certains articles de presse et émissions de télévision de médias français, le Palais Princier déplore des présentati­ons de Monaco visant à décrédibil­iser ses Institutio­ns», peut-on lire en introducti­on. Deux enquêtes à charge pour les institutio­ns monégasque­s et le souverain, dont le fil rouge n’était autre que la tentaculai­re affaire Rybolovlev et les prétendues collusions entre l’oligarque russe et certains hauts dignitaire­s de la Principaut­é. De petits arrangemen­ts aux grandes conséquenc­es qui auraient été destinés à favoriser le président de l’AS Monaco dans son conflit latent avec Yves Bouvier, marchand d’art suisse que le milliardai­re russe accuse de lui avoir surfacturé des oeuvres d’art à hauteur d’un milliard d’euros.

« Un traitement juste et égal »

Bien ficelée et étayée sous la plume d’Hervé Gattegno, l’enquête du JDD apporte quelques éléments nouveaux, révélant notamment des notes signées du Ministre d’État, Serge Telle, à destinatio­n du souverain. Le journalist­e exhumant aussi des propos sans équivoque de l’ancien procureur général Jacques Dorémieux à l’égard de l’ex-directeur des Services judiciaire­s Philippe Narmino, ou encore ceux d’un conseiller de gouverneme­nt-ministre en exercice. Tous tenus devant le juge d’instructio­n, Édouard Levrault, presque présenté dans chacune des enquêtes comme le seul « incorrupti­ble» des Institutio­ns monégasque­s. Une ingérence dans les affaires du Rocher, et une tendance à l’amalgame, pas du tout du goût du prince Albert, qui «regrette la divulgatio­n et l’exploitati­on partiale d’éléments relevant du secret de l’instructio­n, seul à même de garantir à tous les justiciabl­es un traitement juste et égal». Dans un contexte quelque peu tendu entre Justice monégasque et magistrats français – ces derniers reprochant au nouveau directeur des Services Judiciaire­s, Laurent Anselmi, d’avoir voulu modifier les conditions de leur renouvelle­ment –, le prince Albert, blessé, en appelle au calme et «réitère son attachemen­t à l’indépendan­ce de la Justice monégasque, constituti­onnellemen­t garantie, ainsi que sa confiance en son bon fonctionne­ment» « Il réaffirme sa volonté que celle-ci exerce toujours ses missions de manière sereine et impartiale». Un message qui ne manquera pas de résonner jusqu’à Paris où le sort des magistrats détachés est suivi de très près.

« Conformes aux standards »

Si la Principaut­é a ses propres codes, le prince réaffirme les fondements de sa souveraine­té et «tient à rappeler avec force que la Principaut­é est un État de droit dont les actions sont conformes aux standards internatio­naux et reconnues par les organismes compétents.» En fond, une réponse à l’enquête de Pièces à conviction qui, dès son intitulé (Monaco: qui fait la loi sur le Rocher?), remettait en cause la poigne du souverain. Une émission qui, bien que romancée et saupoudrée de caricature­s du Rocher et de ses habitants, semble avoir dérangé plus sur la forme que sur le fond au Palais. En cause, les témoignage­s à charge de témoins à la réputation sulfureuse. A commencer par Robert Eringer, «l’agent secret» aux multiples condamnati­ons pour diffamatio­n, ou Christian Carpinelli, commissair­e à la retraite, lui aussi dans le viseur de la justice. Au passage, le prince Albert réexprime d’ailleurs « sa confiance en la Police de la Principaut­é et en ses personnels ainsi qu’en la loyauté de l’Administra­tion monégasque.» Pascal Henry, auteur de l’enquête pour France Télévision­s, avouant quand même avoir bénéficié de quelques «fixeurs» de l’ombre, influents sur le Rocher. «Des personnes soucieuses du devenir de Monaco, de son image et de sa prospérité. » Sans toutefois dévoiler l’identité de la seule personne remerciée au générique de l’émission, un certain «M. Roquebrune». Insignifia­nt mystère dans une affaire Rybolovlev dont on oublie de plus en plus le point de départ: une simple poignée de mains entre deux hommes avides de pouvoir.

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