Affaire des eurodéputés RN : la justice saisit millions d’euros
Les juges français ont saisi, dans le cadre de l’affaire des assistants présumés fictifs d’eurodéputés FN, deux millions d’euros d’aide publique due au Rassemblement national (RN, ex-FN) qui risque la cessation de paiement et crie àl’ « assassinat politique ». Les juges financiers parisiens qui enquêtent sur cette affaire, dont le préjudice estimé par le Parlement européen est de 7 millions d’euros pour la période 2009 à 2017, ont demandé, dans une ordonnance datée du 28 juin, «la saisie pénale d’une somme destinée au Front national au titre de l’aide publique apportée aux partis pour un montant de deux millions d’euros », a indiqué une source proche du dossier, confirmant une information de RMC. « En confisquant notre dotation publique sans jugement sur cette pseudo-affaire des assistants, les juges d’instruction nous appliquent la peine de mort à titre conservatoire », a tweeté la présidente du RN, Marine Le Pen,
qui va faire appel de cette décision. Mais comme l’appel n’est pas suspensif, «dès [aujourd’hui] ,leRNne pourra plus mettre en oeuvre aucune activité politique » et il sera « mort à la fin du mois d’août», assure Marine Le Pen, qui donnera une conférence de presse à ce sujet ce matin. Pour le parti d’extrême droite, il s’agit d’un «coup de force sans aucune base légale [qui] fait encourir au RN la cessation de paiement », selon un communiqué. D’autant que le RN n’arrive pas à obtenir de prêts des banques, rappelle-t-il. Pour se financer, le parti devait activer dans la soirée un site d’appel « à tous les Français attachés à la démocratie et au pluralisme» pour qu’ils fassent des dons, selon Jordan Bardella, porte-parole. Dans le même temps, dans une lettre ouverte aux adhérents, Marine Le Pen appelle à la « résistance » face à « une dictature qui veut tuer le premier parti d’opposition ». À ses yeux, « le caractère politique de l’initiative ne fait aucun doute, puisque l’un des deux juges est membre du Syndicat de la magistrature», classé à gauche, « et l’autre est un de ses compagnons de route ». L’ancienne avocate dénonce «une violation manifeste et incontestable » de la présomption d’innocence, dans une affaire « qui n’est pas encore jugée » : « Cela est d’autant plus choquant que les faits sont formellement contestés. » En outre, il y a selon elle une « violation du texte invoqué » ,les juges appliquant une « disposition légale applicable au grand banditisme ». « Or, dans le cas d’espèce, il n’existe aucun lien entre la somme due par l’État et l’infraction supposée ». Enfin elle estime que la somme « excède très largement, par son montant insensé, les amendes encourues et les préjudices prétendus ». 1. Dix personnes ou entités sont mises en examen à ce jour dans l’affaire des assistants présumés fictifs d’eurodéputés, qui sont soupçonnés d’avoir en réalité été mis à la disposition du parti. Le FN en tant que personne morale et neuf assistants ou eurodéputés (dont Marine Le Pen, le député des Pyrénées-Orientales Louis Aliot, et l’eurodéputé Bruno Gollnisch) sont poursuivis.