L’ÉDITO
de MICHÈLE COTTA Journaliste et écrivain edito@nicematin.fr Macron face à un moment de vérité Le moment est important. Emmanuel Macron prendra la parole aujourd’hui à heures devant le Congrès : Sénat et Assemblée nationale réunis. Il avait assuré, en effet, au terme de sa campagne électorale, il y a un an, vouloir chaque année faire le point sur son mandat. Il l’a fait en quelques semaines seulement après son arrivée à l’Elysée. Il le fera donc, comme annoncé, à Versailles aujourd’hui, devant les quelque parlementaires – à l’exception de ceux de La France insoumise, qui manifestent ainsi leur opposition absolue au président de la République. « Exercice de monarque », « dérive autoritaire », protestent certains d’entre eux, à l’idée qu’Emmanuel Macron s’adresse au Parlement sans que les élus puissent lui apporter la moindre contradiction, puisque telle est la règle de cet exercice présidentiel. « Chose promise, chose
due », plaident ses partisans, rappelant que ce compte rendu de mandat est plus démocratique que monarchiste. En tout cas, l’intervention du Président tombe au bon moment. Pas seulement parce que les sondages montrent un net fléchissement de sa popularité. Mais aussi parce que l’équilibre du « en même temps », entre sa jambe gauche et sa jambe droite, semble se défaire. Emmanuel Macron a été élu l’année dernière par une partie de la droite modérée, qui ne se reconnaissait pas en François Fillon, et une partie de la gauche social-démocrate, qui ne se reconnaissait pas davantage en Benoît Hamon. Emmanuel Macron n’est-il désormais que le Président des riches ? Il a beau, lui et ses proches, rappeler que le dédoublement des classes de CP et de CE dans les zones d’éducation prioritaire et les textes sur la formation professionnelle sont des mesures éminemment sociales, beaucoup de Français restent plus sensibles à la baisse des retraites et craignent que, derrière l’annonce de la refonte des prestations sociales, se profile un coup de rabot. D’autant qu’en renvoyant à l’automne le plan pauvreté, le Président donne l’impression de ne penser aujourd’hui qu’aux
« premiers de cordée » ,etpasaux derniers. Il doit, aujourd’hui, faire clairement savoir quels objectifs il se fixe, et à quelles échéances.
« L’équilibre du “en même temps”, entre la jambe gauche et la jambe droite, semble se défaire »