DIABLEMENT EXCITANT !
La demi-finale du Mondial (20 h à Saint-Pétersbourg), entre les Bleus de Kylian Mbappé et les Diables rouges d’Eden Hazard, est un moment fort entre deux nations qui s’adorent.
À qui, des Bleus ou des Diables rouges, les habitants de Monaco vont-ils apporter leur soutien ce soir, dans le duel franco-belge de la demi-finale de Coupe du monde ? La question n’est pas aussi évidente qu’il n’y paraît, dans un pays où le sentiment national est omniprésent mais où les nationaux sont minoritaires. « Franchement, je ne sais pas si les Monégasques vont soutenir la France », souffle un observateur averti à la fois de la vie publique locale et du football. Analysons les forces en présence. Du côté de la famille princière, aucun doute à avoir : on est supporter des Bleus. Le prince Albert II ne devrait pas avoir le coeur hésitant, lui qui est proche de Didier Deschamps, le sélectionneur d’une équipe qui compte deux joueurs de l’AS Monaco dans ses rangs, Thomas Lemar – le milieu de terrain vient de signer à l’Atlético de Madrid – et Djibril Sidibé, et deux anciens de l’ASM, Benjamin Mendy et, surtout, Kylian Mbappé, le virtuose formé sur le Rocher. Et s’il y en a bien un, dans la famille princière, qui ne cache pas son enthousiasme pour l’équipe de France, c’est bien Louis Ducruet, qui portait le maillot de Raphaël Varane lors du quart de finale France-Uruguay, vendredi après-midi. De nombreux Monégasques devraient logiquement suivre le même raisonnement et soutenir la France. Regardons les statistiques, maintenant.
À Monaco, parmi les résidents (derniers chiffres de l’Imsee disponibles), on compte Français, Monégasques et… Belges, la sixième nationalité représentée en Principauté. Les chiffres parlent toutefois d’eux-mêmes : les Bleus l’emportent sur le plan comptable. Mais il y a une famille où les choses seront un peu plus compliquées. Chez les Dotta, Michel, le président du Monaco Economic Board, est un grand amateur de football et un inconditionnel des Bleus « depuis toujours » ; mais Nancy, son épouse, qui ne suit pas vraiment le football en général, se trouve être consul de Belgique à Monaco. « La Belgique a une très belle équipe, reconnaît Michel. Ça va être très difficile. J’aurais largement préféré qu’on joue le Brésil. » Il sera donc à fond derrière les Bleus, ce soir, et se demande, dans un trait d’humour, s’ils ne feront pas « lit à part » ce soir. Michel Dotta ne devrait pas suivre la demi-finale avec son épouse qui, elle, concocte une retransmission avec des amis belges au Yacht-club. « Si la Belgique gagne, je ne sais pas si je vais oser rentrer à la maison, sourit Nancy Dotta. Car je sais que ça lui fera mal. » Mais comme les Bleus vont battre les Diables rouges, Nancy pourra retrouver Michel sereinement, ce soir.